Il existe de ces films dont on n’a jamais entendu parler, mais qu’on s’empresse d’acheter en DVD un jour de loose car le titre promet de nous dérider un peu.
L’avantage avec une galette inconnue, c’est que personne ne vous a jamais raconté la fin et que comble du bonheur, personne ne vous a jamais gratifié d’un t’aimes ce film, cette grosse daube? puisque nul être humain à part vous peut se vanter de l’avoir visionné.
Et la réflexion suivante hante mon esprit : si être pouffe, c’est ressembler aux 2 actrices principales de ce film, je veux bien être une pouffe jusqu’à mes 77 ans, l’âge légal auquel on arrête de jouer.
ET TA SOEUR ? ( ou «c’est pas le titre qui m’a attirée, non non, c’est la tête d’affiche» )
Je suis totalement crédible.
Il suffit de connaître les 3 acteurs qui forment le trio de tête du film pour s’en convaincre :
- Que celles et ceux qui ne connaissent pas Susan Sarandon aillent tout de suite enrichir leur culture cinématographique en visionnant le vieux mais génialissime THELMA ET LOUISE ( où l’on voyait Brad Pitt et ses muscles timides pour la première fois sur grand écran ). Forte de 4 nominations aux Oscars et une statuette gagnée pour LA DERNIERE MARCHE ( 1995 ), cette sublime actrice qui encaisse les années comme un banquier amasse les chèques ( c’est-à-dire carrément bien ) connaîtra la gloire ultime en apparaissant dans les séries FRIENDS et URGENCES. Oui, donner la réplique dans Friends , c’est la méga-reconnaissance, surtout quand on est là que pour un seul épisode ( saison 7 épisode 15 ) pour camper une actrice de TV reconnue qui arrive à mettre Joey dans son plumard. La classe j’vous dis !
- Que celles et ceux qui ne connaissent pas Goldie Hawn, euh….ben rien. Moi non plus, je ne la connaissais pas, mais un rapide coup d’oeil sur sa filmographie permet d’apprendre que cette blonde piquante a tout de même obtenu un oscar pour son rôle dans FLEUR DE CACTUS ( 1969 ). Mais également que SEX FANS DES SIXTIES est actuellement le dernier film dans lequel on l’ait vue jouer…
- Ah, et Geoffrey Rush…Que dire sinon qu’à chaque fois que je vois sa trombine, je me rappelle ce rôle magnifique d’autiste musicien dans le sublime SHINE ( 1996 ) pour lequel il avait d’ailleurs obtenu l’oscar du meilleur acteur? Que dire à part qu’il est totalement méconnaissable en Capitaine Barbarossa dans la trilogie des PIRATES DES CARAÏBES tant on s’est amusé à la rendre laid en lui ajoutant des cheveux ( pas qu’il soit beau en temps normal, mais bon )?
Et si vous trouvez un air de famille entre Susan Sarandon et Eva Amurri, celle qui joue la fille de l’autre dans le film,non vous n’êtes pas taré : elles sont bien mère et fille dans la vraie vie puisqu’Eva n’est autre que le fruit de l’amour de l’actrice et du réalisateur Franco Amurri.
KISS KISS GANG BANG ( ou » on a tous fait des conneries étant jeunes…oui mais là…quand même ! » )
Sur la pochette du DVD à fond rose, les deux actrices se tournent le dos d’un air complice. Sans même avoir lu le synopsis, on devine qu’une histoire d’amitié se cache là-dessous.
Et effectivement, sans être compliquée ou alambiquée, l’histoire est simple mais nous embarque très vite dans une spirale tourbillonnante d’évènements :
SUZETTE ( Goldie Hawn ), femme carrément excentrique et exubérante arborant un bon 100 de tour de poitrine fausse et une blondeur pas naturelle pour un sou, se fait virer de la boîte où elle officiait comme barmaid depuis des lustres puisque non seulement elle pique du fric dans la caisse mais se permet de siffler des rhum-coca pendant son service. La vilaine.
Humiliée, sans un sou en poche, elle se remémore le bon temps où elle était une membre privilégiée du duo des «soeurs feu au cul» ( traduction lamentable du titre original du film «BANGER SISTERS» ) qu’elle formait avec sa meilleure amie de l’époque : LAVINIA (Susan Sarandon ).
Cette dernière habitant à Phoenix et s’étant mariée à un riche avocat , Suzette se met en tête de la rejoindre pour lui taper un peu d’argent. Normal.
Sur sa route, elle ramassera un certain HARRY PLUMMER ( Geoffrey Rush ) , homme maniaco-psychorigide capable de s’offusquer de la copulation de deux mouches sur le dos de sa main. Ces deux-là n’ont rien en commun mais vont se côtoyer bon gré mal gré ( enfin surtout au gré de Suzette qui n’a pas d’endroit où crécher ).
Arrivée à Phoenix, le choc : Suzette découvre une Lavinia coincée dans ses tailleurs beige et son brushing parfait. Elle semble mener une vie de rêve dans sa villa monstrueusement grande et bardée de piscines et bassins. Elle mène ses filles à la baguette pour les emmener direct, sans passer par la case départ, sur le droit chemin qu’elle a tracée pour elles.
Quand Suzette débarque, c’est la panique qui s’empare de Lavinia puisqu’elle n’a aucune envie que sa famille connaisse son passé fait d’un peu de drogue, de beaucoup de rock’n’roll mais surtout d’une orgie de galipettes. Mais cette famille qui ne l’imagine même pas en train de danser va tomber à la renverse quand «Vinnie» ou «Baby» va leur faire comprendre en quoi consistait sa jeunesse : être une groupie, mot joli pour dire qu’on s’envoie en l’air avec tous les rockeurs que la Terre ait porté, Jim Morrison en tête.
Et maintenant, je vais faire monter la sauce en vous. Ou le suspense, c’est kif-kif :
– Suzette et Lavinia vont-elles finir par s’entendre? A quel prix ?
– Comment va réagir une famille sous le joug d’une mère a priori (f)rigide qui soudain révèle avoir eu une jeunesse carrément déjantée?
– Suzette va-t-elle évoluer ou rester ancrée au passé comme une moule sur son rocher?
– Harry va-t-il commettre ce pourquoi il est venu à Phoenix?
SECSTAZY ( ou « Pas un film sextraordinaire mais queue du bonheur quand même» )
En effet, non seulement on ne s’ennuie pas une seconde devant les 1h34 de bobine mais en plus on ne râle pas devant la fin mi-figue mi-raisin, un peu facile.
La réalisation de Bob Dolman ( bien loin de son WILLOW fantastique ) est tout à fait correcte et n’a rien d’extraordinaire, mais on attend rarement mieux d’une comédie en règle générale. Surtout que le film a été tourné en 24 jours, un véritable exploit.
Ce qu’on attend par contre d’un film axé sur deux anciennes groupies, c’est que la bande originale soit à la hauteur. Et elle l’est complètement puisque sont repris dans le désordre des tubes des Doors, de The Animals, des Talking Heads mais aussi un air composé par Chris Robinson, gendre de Goldie Hawn.
Le ressort comique de SEX FANS DES SIXTIES n’est pas en reste : vous ne vous tordrez pas de rire sur la moquette du salon, mais vous ne resterez pas stoïque bien longtemps.
En effet, le fil conducteur est essentiellement tiré par Goldie Hawn qui campe une Suzette complètement barrée, emportant n’importe qui la croise dans son tourbillon d’exubérance. Parallèlement, le talent de Geoffrey Rush rend l’histoire satellite d’Harry Plummer, l’autiste maniaque, absolument délicieuse. Et je ne parle même pas de Susan Sarandon qui parvient à rendre drôle cette femme guindée qui se replongera dans ses souvenirs, album de photos de queues de rockers à l’appui. Mis à part ces quelques photographies même pas présentées aux spectatrices ( pffff ), il y a peu ou prou de fesse dans ce film. En version originale, Goldie Hawn se lâche bien plus qu’en français où elle ose juste un « laisse-moi te faire une branlette … suis une branleuse de première» qui convaincrait un moine tibétain de virer en deux secondes son drap marron. Exceptés ces quelques mots, vous ne verrez aucun téton ou poil de fesse dans ce film, juré craché.
En général, je n’aime pas trop les comédies romantiques ( sauf s’il y a un Hugh Grant dedans ) pour plusieurs raisons qui vont de mon art divinatoire à appréhender les répliques ‘comiques’ d’un scénario niais au possible, à ma constante colère devant des happy end toujours gnangnans.
Avec SEX FANS DES SIXTIES, on se pose des questions alors qu’on mate une comédie pas romantique du tout, ce qui est déjà un exploit en soi. Pas des réflexions comme sa propension à courir des filles canon alors qu’on est quelqu’un de relativement moche (L’AMOUR EXTRA LARGE ) ou la recherche du moyen le plus cruel pour péter la tête à son bien-aimé ( LA GUERRE DES ROSE ) mais plutôt une remise en question sur l’éducation qu’on donne à nos enfants, sur une amitié qu’on croyait perdue, et sur la tolérance.
Certes, ces thèmes ont déjà été abordés avec plus ou moins de succès dans d’autres comédies, mais il est plutôt rare de les voir portés par de «vieilles» actrices. Si je dis «vieilles», entendons-nous bien, c’est par pure jalousie : S.Sarandon et G.Hawn avaient en 2001 respectivement 55 et 56 ans. Et ça, je vous le précise parce que jamais vous ne le devinerez en voyant leurs silhouettes de rêve et leurs visages rayonnants ( pétasses ! ).
Cependant, on n’y coupe pas : on aura bien la scène presque finale où l’une des filles de Lavinia prend la parole devant sa classe de terminales pour déballer un flot de bonnes paroles qui collent la larme à l’oeil de sa momon. Sans doute le passage le plus chiant du film ( oui je suis insensible et alors? )
JE SENS QUE CE SOIR euh, JE VAIS CONCLURE
Une comédie où les 3 acteurs principaux peuvent se vanter d’avoir eu une statuette dorée dans leur filmographie, on n’en voit pas tous les jours.
Et malgré le peu de publicité autour de SEX FANS DES SIXTIES lors de sa sortie en 2003, je ne peux que vous encourager à découvrir un film qui n’est certainement pas un chef d’oeuvre ni une perle en matière de réalisation, mais simplement un divertissement que l’on prend un malin plaisir à sortir de temps en temps de sa DVD-thèque.
Le talent des protagonistes rend cette comédie drôle, incisive et pourra même titiller le neurone nostalgique de celles qui se retrouveront dans le rôle de Susan Sarandon.
Pendant ces 1h34, j’ai eu l’impression d’avoir un chicklit qui se déballait devant mes yeux, alors que le film est une oeuvre originale pure et dure, d’ailleurs inspirée d’une chanson de Jim Morrison… Courrez acheter ce DVD que vous pourrez sortir les jours de cafard avec un gros pot de crème glacée sous une couette.
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