Vous savez désormais que je suis une boulimique de chicklit . Bibliophile aussi car je n’arrive pas à me séparer de mes bouquins qui commencent à prendre une place colossale dans l’appartement.
Heureusement Musclor ne peut rien dire : il est comme moi voire pire.
Du coup je peux rédiger des billets tranquillement, sans échéance à respecter ( ouais parce que côté salle de bains, je me magne le fion d’écrire histoire de virer le bordel qui insupporte Musclor ).
Comme en plus chaque virée au gigantissime centre commercial d’à-côté DOIT absolument se terminer par une visite à la FNAC ( sinon Musclor fait du boudin pendant 24 heures ), mon stock se remplit, se remplit…mais ne se vide jamais.
Si j’ai craqué sur CINQUIEME AVENUE c’est pour trois choses toutes bêtes :
- Je ne PEUX pas aller à la FNAC sans repartir avec de la chicklit.
- J’ai littéralement flashé sur la première de couverture : je la trouve sublime, bien loin des sempiternels dessins un peu simplistes qui ornent les romans de Kinsella ou Keyes.
- Son auteur n’est autre que Candace Bushnell. Ce nom ne vous dit probablement rien, mais cette femme est à l’origine d’une série-télé que toute une génération de femmes ( et d’hommes ) connaissent au moins de nom et/ou adulent : SEX & THE CITY . En plus les éditions Livre de Poche ont eu la riche idée de rappeler cette référence sur la première de couverture, au cas où la potentielle pouffe acheteuse aurait une cervelle de moineau.
En bref, ce roman avait tout pour plaire.
Candace Bushnell a cela de particulier qu’elle fut une pionnière dans le domaine avec ses héroïnes de Sex & The City, où comment 4 copines aux caractères différents mais bien trempés vadrouillaient d’homme en homme dans la ville de New York. Certains de ses romans n’ont pas été traduits dans notre langue. Pourquoi, c’est un mystère. Je mène l’enquête.
Pour 7,50€uros , Candace va nous brosser le portrait d’une galerie de personnages savoureux tout au long des 605 pages.
D’ailleurs dès la première page, on pose les choses d’entrée de jeu : si un immeuble situé au 1 de la Cinquième Avenue existe, il n’a rien à voir de près ou de loin avec l’histoire racontée dans ce roman.
Histoire de vous mettre direct dans l’ambiance, je vous livre mon petit topo à moi :
Mrs Houghton, une dame très âgée «de la Haute», autrement dit une bourgeoise new-yorkaise, décède lors d’une mauvaise chute accidentelle , chez elle. Dans son sublime penthouse du très convoité immeuble n°1 de la Cinquième Avenue.
Immédiatement, nous faisons connaissance avec ses voisins qui se disputent pour savoir qui récupèrera l’appartement et s’il faut le laisser en état ou plutôt le diviser. Bien vite, de nouveaux acquéreurs ultra-riches, jeunes et beaux se présentent, et la copropriété décide de leur attribuer le magnifique appartement.
Autour des voisins gravite une série de personnages n’habitant pas l’immeuble, mais rêvant d’y intégrer leurs quartiers. Ce dernier semble être le comble du chic à Manhattan, une marque de prospérité et d’opulence. D’ailleurs quasiment la totalité des copropriétaires sont des artistes, ou en passe de le devenir. On retrouve ainsi :
- MINDY ET JAMES GROOCH habitent un appartement du rez-de-chaussée qui s’apparente à un dédale de pièces minuscules. Elle est l’archétype de la quarantenaire casse-couilles ( ouais ça commence déjà avec les vulgarités …) qui pense que sa partie de jambes en l’air est une corvée mensuelle dont elle se passerait bien. Elle est d’ailleurs la présidente du Conseil Syndical et le symbole-même de la voisine qui espionne les autres copropriétaires, allant jusqu’à s’introduire chez eux en leur absence. Bref je la déteste. Son mari James est un écrivain qui ne pond rien, s’emmerde royalement dans la vie, semble mépriser sa femme qui le soûle au plus haut point. Mais un jour tout va changer quand son nouveau livre est prédit pour être un best-seller… Ils ont également un fils SAM ( nan c’est pas celui qui conduit ), petit génie de l’informatique qui se fait de l’argent de poche en aidant et dépannant les voisins.
- ENID MERLE est une vieille pas franchement méchante, mais pas franchement gentille non plus. Elle est très attachée à son neveu Philip qui habite le même immeuble. Elle fut une bonne amie de feu Mrs Houghton et défend fermement cette dernière quand certains continuent de l’attaquer posthume et de la traiter de voleuse d’objets d’Art…Elle et Mindy Grooch se haïssent coordialement.
- PHILIP MERLE est un auteur à succès qui a connu l’amour avec un grand A autrefois. Elle s’appelait SHIFFER DIAMOND ( c’est un nom ça? ) , était actrice et s’est carapatée en province. Philip, éternel célibataire rencontrera alors un autre personnage principal du roman : LOLA FABRIKANT ( c’est un nom ça? ) débarquée tout juste de sa province natale. Une petite pétasse égoïste qui pète plus haut que son «bip» doublée d’une bombasse alcoolique qui couche pour de l’argent, autrement dit une «bip» et qui croit pouvoir faire carrière facilement à Manhattan. Philip passe du bon temps avec cette connasse ( bon je pense que vous avez compris que je ne peux pas l’encadrer elle ) jusqu’à ce que Shiffer Diamond revienne dans son appartement qu’elle avait déserté quelques années auparavant…
- ANNALISA ET PAUL RICE forment le couple de jeunes riches qui achètera le penthouse du dernier étage. Si Annalisa semble vouloir s’intégrer et nouera des sympathies certaines avec ses voisins pas trop chiants, Paul est quant à lui un être froid, cynique et insensible qui n’hésitera pas à dénaturer complètement l’âme du penthouse. Il est aussi manipulateur que vicieux ( pas au sens sexuel d’ailleurs ) et ces comportements très hautains lui vaudront pas mal d’antipathies dans le secteur…
- BILLY est un vieux gars qui aurait aimé habiter le 1 Cinquième Avenue, mais n’en a pas les moyens. Son truc à lui, c’est de fréquenter les bonnes gens du tout Manhattan. Il s’est forgé un nom et une très bonne réputation auprès des personnes par lesquelles il faut être vu et reconnu. Soixantenaire ( de mémoire ) il était un très bon ami de Mrs. Houghton et garde précieusement l’un de ses secrets…Mais sale temps pour lui : l’un de ses proches tombe malade dans son village d’origine et il lui faudra alors trouver de l’argent, beaucoup d’argent pour subvenir à ces nouveaux besoins substantiels…
- THAYER CORE est chroniqueur dans un net-journal à scandale. Il n’hésite pas à démonter les people, à lancer des rumeurs. Il écume les soirées arrosées, vit dans un taudis avec son colocataire crasseux et semble s’en satisfaire. Puis un beau jour il va croiser le chemin de Lola Fabrikant , la petite amie de Philip Merle …
Ce roman avait donc tout pour me plaire : je suis friande des histoires de destins croisés : LOVE ACTUALLY , VALENTINE’S DAY, ou COLLISION ( dans un autre genre ) sont des films que j’adule. J’ai hâte de découvrir de tels enchevêtrements d’histoires sur le papier.
Si en plus les personnages sont des voisins, ça promet de bien belles situations.
Malheureusement la sauce n’a pas pris du tout , et ce dès le début du roman où l’on sent que les tensions sont palpables .
Certes c’est assez jubilatoire voire carrément jouissif de découvrir les coups bas et les complotages de certains d’entre eux, mais c’est aussi foutrement exaspérant de ne pas avoir ri au moins une seule fois pendant tout ce déballage.
Pas une seule toute petite fois.
Pas un rictus, rien.
Et pourtant je suis bon public.
Mais par contre, j’ai été CHOQUEE !!!
Ouais, moi.
Oh my God .
Je ne suis pourtant pas une sainte. Je pousse des jurons bien sentis à toute heure du jour et de la nuit, je fais des galipettes avec mon chéri, je savoure tous les épisodes de Sex & The City où le langage est parfois cru mais nécéssaire, et surtout hilarant.
Dans CINQUIEME AVENUE, on patauge dans une mare crasseuse de vulgarité. Attention : ce n’est pas un déballage d’insanités tout au long des 600 pages, non non.
Le style de Candace Bushnell est clair et épuré, parfaitement lisible et compréhensible.
Mais parfois tout à coup, ça arrive comme un cheveu sur la soupe : on vire dans le franchement scabreux. Je ne fais pas parti des gens qui pensent que le sexe c’est toujours très beau et gnagnagna. Nan parfois c’est un peu crade et on aime ça. Mais là, honnêtement, la première fois que c’est arrivé dans le bouquin, j’ai relu le passage une deuxième fois pour m’assurer que je ne rêvais pas. Ben non : c’est vulgaire. Je vous ai photographié l’un de ces passages pour que vous vous rendiez bien compte de la chose.
A titre de comparaison, j’avais lu le BAISE-MOI de Virginie Despentes mais je n’avais pas du tout été choquée car il annonçait clairement la couleur.
Même si Candace Bushnell a brillé avec sa série désopilante et osée mettant en scène une Carrie Bradshaw au top de sa sexualité, dans CINQUIEME AVENUE les passages crus m’ont vraiment outrée ( oui oui mon cher, ou-trée ! ) car d’une part ils n’étaient vraiment pas indispensables pour la bonne compréhension du fil de l’histoire mais surtout le langage employé m’a convaincu de ne jamais refiler ce roman facile à lire à une gamine.
Mandieu.
Oh my gode .
Cependant je ne cache pas avoir suivi les aventures de ces différents personnages avec une certaine délectation, sans doute une certaine forme de voyeurisme assez jubilatoire car pour ma part, j’ai trouvé quasiment tous les protagonistes détestables, chacun dans un genre bien différent :
La mégère , le raté , la pute , la vieille rombière , le blasé , le riche trou du cul , la pauvre fille qui tente de se faire accepter.
Si encore je m’étais bidonnée, mais non.
Candace Bushnell a choisi de nous fournir une chronique de la société contemporaine : à savoir tout le monde se tire dans les pattes et ça ne semble gêner personne.
Du coup quand le magazine Vogue qualifie cette chronique de «lucide» en quatrième de couverture , j’ai peur : les new-yorkais habitant Manhattan seraient-ils tous aussi exécrables que les personnages de Bushnell?
Je pense que non, car même si je ne suis pas naïve au point de croire que les gens de la Haute ont un comportement toujours irréprochable, je ne pense pas que l’île soit peuplée d’arrivistes, de profiteurs et de médisants. En tout cas je l’espère car c’est bien tristounet et affligeant.
( Petite parenthèse : en lisant la biographie de Candace Bushnell sur Wikipédia , j’apprends qu’elle connaît parfaitement bien ce «milieu» new-yorkais puisqu’elle en est issue … Gasp )
Rendons à Candace ce qui appartient à Candace : le style est simple , épuré et parfaitement compréhensible pour une dinde au QI de pierre ponce.
Le récit est omniscient et permet de se glisser dans les pensées ( et appartements – mais non pas entre les jambes ) des différents protagonistes. Malgré cela, je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages et encore moins à les aimer.
Pour moi, c’est le critère numéro 1 quand il s’agit d’évaluer mon appréciation d’un roman, quelque soit son genre. Quand j’ai refermé la dernière page de CINQUIEME AVENUE , j’étais limite soulagée de quitter ces personnages affreux , ces destins croisés de personnages complotant et médisant sans cesse , et cet immeuble que je n’aurais certainement pas aimé habiter ^-^
Car le dernier défaut de ce roman et pas des moindres, c’est son histoire cousue de fil blanc.
Ou plutôt SES histoires.
On comprend très vite avec qui Philip va faire sa vie par exemple, on saisit instantanément qu’elles vont être les ambitions de James…et surtout l’espèce de «fil conducteur», le semblant d’intrigue que Candace a voulu donner à son roman est complètement bateau. Mrs Houghton «aurait» dérobé un objet d’art à un musée. Ouais et alors? On s’en fout non? Mais même si on décide qu’on ne s’en fout pas, finalement on comprend tout très vite.
Les trente dernières pages, j’ai senti que Candace Bushnell ne savait plus trop comment finir son roman , et elle t’expédie tout ça de manière complètement farfelue et inutile.
Pour conclure , ce roman aurait pu être une bien belle découverte : avec son esthétisme alléchant et son synopsis qui l’est tout autant , on aurait pu s’attendre à une chronique de destins croisés menée habilement , et surtout dans un but bien précis. Malheureusement Candace Bushnell nous livre 600 pages d’un roman vulgaire , sans aucune âme , flanqué de personnages caricaturaux et antipathiques auxquels on ne s’attache pas du tout .
La fin est par ailleurs complètement bâclée et l’histoire abracadabrantesque de l’oeuvre d’art dérobée confirme que Candace est partie dans tous les sens avec cet écrit dénué d’humour , et surtout elle ne parvient pas à dissimuler l’extrême pauvreté, l’évidente futilité de ce roman que vous n’aurez aucun mal à oublier .
Et surtout ne vous y trompez pas : il ne s’agit PAS de chicklit. Je ne sais même pas dans quelle catégorie classer ce roman. Une idée pour ceux qui l’ont lu? (ou plutôt «subi» ? )
4 Commentaires
Zarka Hervé
7 mai 2013 13 h 50 minmerci pour l’article.
lalutotale
6 mai 2013 18 h 26 minmoi j’ai récidivé avec d’autres romans de son crû mais elle ne détrônera jamais dans mon coeur Wolff ou Kinsella !
tequiladrenaline
6 mai 2013 17 h 19 minIl est dans ma pàl depuis super longtemps et je crois qu’il va y rester ! lol En fait le seul livre de Candace Bushnell que j’ai aimé était Lipstick Jungle. J’ai tenté Sex an the City que j’ai trouvé illisible et Quatre Blondes ennuyeux à mourir… Si celui ci est vulgaire et que les personnages sont antipathiques, non merci !
thiebaultdesaintamand
5 mai 2013 13 h 38 minSi le livre est raté, la chronique est réussie, bravo ! Oui, je sais, je prends des risques. Bah! C’est la vie, hein 😉
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