Aux Etats-Unis, tous s’accordent à dire qu’on ne fait jamais les choses à moitié. J’ai pu le vérifier dans de nombreux domaines qu’ils soient culturels, artistiques ou culinaires mais une fois encore, c’est la Nature qui nous offre ce qu’il y a de plus majestueux .
En 2009, lors de ma quinzaine américaine, je ne me suis pas contentée de jouer aux bandits manchots dans de somptueux hôtels de Las Vegas ou d’arpenter tous les magasins affichant des soldes tarées dans des outlets proches de San Francisco, ville choisie de villégiature. La pouffe est superficielle certes mais aime également se cultiver ou découvrir des lieux insolites. Et Muir Woods fait irrémédiablement parti des endroits inoubliables dont on garde des souvenirs bien marquants , un lieu que l’on visite en restant coi. Et pour qu’une pouffe reste muette, c’est que la visite vaut le détour. J’ai même gardé religieusement le dépliant distribué à l’entrée en souvenir, c’est dire.
Par contre, j’ai dû jeter le ticket par inadvertance.
Si ma cervelle de pouffe ne me fait pas trop défaut, je crois me souvenir que l’entrée adulte valait 4,50$ soit environ 3 €uros à l’époque de nos vacances, autrement dit des clopinettes quand on sait que c’est le prix de deux tickets de métro parisien. Sauf qu’à Paris on se paye les odeurs très agréables et alléchantes d’urines séchées dans les couloirs souterrains, alors qu’à Muir Woods, on profite d’un air pur en extérieur et d’une quiétude que je n’ai que trop rarement croisée lors de mes visites touristiques. Sans parler du spectacle que nous offre ce parc…
Commençons par le commencement : en un mot Muir Woods est une forêt. Mais ce serait tellement réducteur de se contenter de cette définition que le président Roosevelt décida en 1908 de classer ce morceau de verdure de 2,24 km² seulement «Monument National».
Pourquoi un tel titre honorifique ? Après avoir arpenté ce lieu, on comprend aisément que Muir Woods a vraiment quelque chose d’exceptionnel que bien d’autres sites n’ont pas : UNE ÂME .
Tout d’abord, Muir Woods bénéficie d’une situation géographique exceptionnelle : située sur les hauteurs de San Francisco, surplombant l’inoubliable Golden Gate Bridge ( peut-être un jour vous parlerais-je de ma traversée mythique à vélo ) et le petit village de Sausalito ( point d’ancrage de l’un des ferry rejoignant SF pour traverser la baie … inoubliable ça aussi ! ), cette forêt est donc tout à côté de la trépidante ville californienne tout en profitant du calme des hauteurs.
Notez qu’il faudra être quand même motorisé pour la rejoindre mais ce n’est pas un problème puisque des navettes circulent entre la baie et la forêt, sans compter les locations de voiture pour les feignasses ou de vélo pour les plus courageux. Nous, on avait la voiture d’un pote, c’est encore plus pratique ^^ Seules quelques minutes de route sont nécéssaires depuis SF pour accéder à ce poumon vert.
Dès l’entrée franchie, on sent déjà une étrange atmosphère. Un silence religieux pèse dans l’air alors que devant nous se dresse un énorme plan des lieux définissant les différents circuits de marche possible . Nous choisissons le plus long malgré notre accoutrement pas vraiment adapté ( jeans, baskets et blousons de cuir ) puisque le second, plus court et moins pentu, était tout indiqué pour «les jeunes enfants et personnes âgées». Nous on est dans la fleur de l’âge, on est des warriors, donc pantalons serrés ou non, on se farcit le chemin de sportif, wouwouuu !
Cette ambiance limite religieuse , nous l’avons ressentie tout le long du trajet.
Tandis que nous nous risquiions à des torticolis pour admirer les centaines de séquoïas géants se dressant fièrement vers le Ciel dans un alignement parfait de troncs , nous respirions le calme et la sérénité d’un lieu dont seuls les rampes de bois et les pavés délimitant des marches sont les témoins de l’humanisation.
Plusieurs fois nous entendîmes des chants d’oiseaux bien plus originaux que des croâssements de tourterelles mais comme nous étions venus à l’arrache, sans même une paire de jumelles autour du cou, nous n’avons aperçu aucune des 69 espèces d’oiseaux qui crèchent dans cette forêt . D’ailleurs nous n’avons vu aucune espèce animale à part quelques écureuils, mais franchement aux USA ils se baladent dans tous les coins donc nous y avons porté une attention limitée.
Ce qui a le plus retenu notre attention, c’est vraiment la Nature qui nous entourait. Ces arbres géants ont une circonférence de tronc absolument tarée et la hauteur de leurs cîmes est complètement folle. Pour témoin de cette grandeur, vous trouverez quelques mètres après l’entrée le tronc d’un séquoïa géant à feuilles d’if allongé sur le sol. Ne vous méprenez pas, il n’a pas été abattu par l’Homme mais s’est écroulé de lui-même du haut de ses 60 mètres le 8 juillet 1996. Depuis il n’a pas bougé de place et ses 800 années de Vie ont été matérialisées par des repères chronologiques sur la tranche de son tronc, strié à la manière d’un vieux sol plein de strates :
La balade au demeurant ne m’a pas semblé très longue : malgré nos tenues vestimentaires tout à fait inappropriées, nous avons torché les 4,6 miles assez rapidement plutôt étonnés de l’avoir finie aussi vite en ayant toutefois pris notre temps. En effet, au détour du sentier nous trouvions parfois un énorme séquoïa penché qui ne demandait qu’à être grimpé ^^ ou encore un tronc absolument énorme présentant une cavité aux allures de grotte où nous nous réfugiions le temps d’une photo. Pas trop longtemps quand même parce que ça collait les miquettes, ce tronc sombre.
Je me souviens malgré tout avoir quelque peu lutté et craché quelques alvéoles pulmonaires dans certains endroits où le sentier était plus escarpé et/ou pentu, mais ceci était sans doute dû à un tabagisme trop poussif et à mes godasses plates qui malgré tout, ressortirent indemnes de l’excursion. Je pense donc pouvoir affirmer sans me tromper que le chemin emprunté est tout à fait praticable par le plus grand nombre, sauf pour les mioches excités et les vieux grabataires, là évidemment il vaudra mieux s’essayer à l’autre chemin de randonnée.
Cette forêt possède vraiment quelque chose de particulier : d’ habitude très loquace, je n’ai pas pu m’empêcher de me taire pendant de très longues minutes devant la beauté et l’absolue sérénité qui émanent de ce lieu. Bon c’est aussi parce que quand je m’exprime en anglais, parfois y’a des blancs. Mais là, je sais pas. Je me suis sentie comme prise aux tripes, en train de fouler le sol d’une forêt magique comme on pourrait en trouver dans des contes deDisney ou chez les Hobbits. Un calme religieux et des arbres grandioses, il n’en fallait pas plus pour me faire taire, mais aussi me requinquer complètement et profiter à fond de la dizaine de jours qu’il me restait à vivre à San Francisco ! Et cette visite de Muir Woods fut un excellent préliminaire aux deux visites qui lui succédèrent : celles du Grand Canyon et du Yosemite Park, aussi inoubliables l’une que l’autre.
Enfin pour entrer dans les détails plus terre-à-terre, j’ai trouvé le coin parfaitement entretenu puisque les panneaux explicatifs n’étaient pas dézingués, les poubelles quoique trop peu présentes ne débordaient pas de cochonneries et surtout il n’y avait pas un mégot par terre ! L’ex-fumeuse que je suis a dû par conscience écolo fourrer ses déchets dans ses poches ( et les a évidemment totalement zappés pendant plusieurs jours ). Grâce à ce maintien de la propreté, on ne soupçonne même pas que l’Homme foule régulièrement les chemins de cette forêt.
Et d’ailleurs le dernier point fort de Muir Woods reste certainement son aflluence très limitée . Le calme dont nous avons bénéficié est en parti dû à un attrait moindre par les touristes qui préfèrent se rendre dans des endroits plus emblématiques comme Alcatraz ou le Macy’s …Tant mieux pour nous et tant mieux pour cet endroit qui ne mérite pas que des centaines de mouflets hurlants ou de gros beaufs se goinfrant de frites en cornets viennent perturber la tranquillité des lieux.
En somme , Muir Woods restera l’un de mes plus jolis souvenirs de mes vacances à San Francisco ( sans que j’ai eu à me pinter mouhahaha ).
Moins connue que la trèèèès touristique île d’ Alcatraz , cette forêt de séquoïas géants mérite tout autant qu’on foule son sol . Située en retrait de la ville sur les hauteurs surplombant le Golden Gate Bridge, il faudra être véhiculé pour accéder au Monument National, qui mérite ce titre à bien des égards.
Une visite qui vaut son pesant de cacahuètes, vraiment.
Autant respirer l’air pur est bienfaisant, autant trouver pareil endroit aussi calme et serein tout proche d’une grande ville californienne est inattendu.Heureusement inattendu .
Certes nous n’avons pas vu la moindre bestiole prouvant que Muir Woods renferme une faune riche et variée mais à vrai dire , seules la vue et surtout l’admiration béate de ces immenses arbres géants ont suffi à assouvir notre soif de grand air et notre envie d’aventures.
Muir Woods est donc un Monument National à bien des égards, tant cette forêt et ses habitant méritent d’ être préservés de toute attaque humaine nuisible.
Si vous passez à San Francisco, n’hésitez surtout pas à oser faire un détour d’une demie-journée, vous vous en souviendrez !
D’autant que c’est une visite qui ne vous fera pas casquer des dizaines de dollars. Si vous avez du bol , vous pourrez peut-être apercevoir loutres,coyotes ( les bébêtes hein, pas les grognasses qui se déhanchent sur les bars ), lions des montagnes ou encore moufettes ( hommage à Fab ).
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