On a tous des souvenirs qu’on aimerait effacer de nos mémoires ( et croyez-moi j’ai eu ma dose ces derniers mois ) mais au contraire, certaines images extraordinaires resteront à jamais gravées dans nos caboches .
En 2009, j’étais partie deux semaines à San Francisco entre amis, où nous avions rejoint d’autres potes déjà sur place depuis quelques mois. Comme ils connaissaient bien le coin et surtout les possibilités de découvertes pour notre quinzaine, quand il nous ont proposé de partir 4 jours et 3 nuits à Las Vegas, on a presque joui. Ouais, carrément.
Et comme en plus, ils connaissaient tous les plans pour partir pas cher et surtout loger dans un hôtel emblématique de la SinCity pour un prix dérisoire, on a pu se payer le luxe de sortir de Las Vegas à la découverte d’endroits fabuleux.
( Si toutefois ça vous intéresse, sachez que pour 120$ chacun soit environ 92 €uros à l’époque de notre voyage, nous avons eu notre vol aller/retour San Francisco/Las Vegas chez Delta Airlines + nos 3 nuits à l’hôtel Stratosphere , l’hôtel en «pic» qui dépasse en hauteur tous les autres et qu’on voit dans tous les films 🙂 Les vols internes aux Etats-Unis sont monnaie courante, du fait des énormes distances qui séparent les différentes mégalopoles. Là-bas prendre l’avion, c’est un peu comme prendre le bus chez nous quoi. Du coup, c’est pas cher du tout ! )
Après avoir arpenté le Strip de jour comme de nuit, avoir fait les boutiques de fringues et ainsi profiter du cours avantageux du dollar, avoir découvert des discothèques sublimes dégoûlinantes de luxe, et évidemment après avoir joué du bandit manchot ^^ nos amis nous ont proposé de louer une voiture pour la journée. On devra se taper beaucoup de route, certes.
Mais le jeu en vaut la chandelle : LE GRAND CANYON.
Mazette.
L’endroit où Thelma et Louise se sont envolées dans leur Buick. Oh my God. Oh purée. Oh ouiiiii !
Déjà je frémissais d’impatience, mais je gardais mon excitation pour moi afin d’éviter de passer pour une demeurée. Oui moi quand je m’excite, c’est du «hiiiiiiiiiii !» à t’en percer les tympans, et je blablate tellement que t’as envie là, subitement, d’avoir un bâillon sous le bras. Sauf que là, pour faire des économies, on n’a pas dit au loueur de titines qu’on allait rentrer à 6 dans sa berline. La limite c’est cinq. Et la police elle rigole pas aux States. Donc en ville, là où il y a la plus grande concentration de policiers, je serrais un peu les fesses et quand je serre les fesses, mon clapet se ferme aussi ( mystère anatomique? ). Depuis Vegas, nous avons compté plus de dix heures de trajet aller et retour ( eh ouais, le Grand Canyon, ça se mérite ! ) avec l’un des passagers terrés par terre aux pieds des copains. Vachement confortable. Heureusement que nous étions trois filles souples super altruistes.
Je me souviens parfaitement avoir fait un premier arrêt pour admirer l’ Hoover Dam , un barrage hydroélectrique absolument gigantesque surplombé d’une immense passerelle routière alors en construction. L’entreprise nous semble incommensurablement énorme , mais ce ne sera rien comparé à ce qui nous attend avec le Grand Canyon
Deuxième halte sur la mythique Route 66 afin de combler nos estomacs avec de vrais hamburgers qui se respectent, pas d’insipides trucs MacDonald’s qui te donnent faim deux heures après l’avoir boulotté.
Et enfin notre dernière halte pour se ravitailler en boissons et carburant se fera à une vingtaine de kilomètres de notre Sésame, l’occasion pour nous de revêtir de charmant couvre-chefs style Davy Crockett juste pour la photo-souvenir.
Après nous être acquittés d’un droit d’entrée de 25 dollars pour le véhicule ( et ma copine s’est alors bien tassée sur le plancher de la voiture …) soit 4 dollars par personne ( lol ), nous pouvons enfin pénétrer le site qui alimentait nos rêves les plus fous.
Sachez que l’entrée semble gratuite avant 8 heures puisque personne n’est présent aux barrières de contrôle 🙂
Avant de vous conter mes impressions, un petit peu de théorie s’impose.
Sachez tout d’abord que le Grand Canyon n’est PAS la plus grande formation terrestre du genre. En Chine et au Mexique par exemple, vous pourrez voir des gorges plus profondes ( oh oui ).
Mais la diversité des paysages et les points de vue remarquables ont permis au Grand Canyon d’être classé au Patrimoine Mondial de L’Humanité en 1979 . Et croyez-moi, il y a de quoi !
D’abord ses dimensions fichent le tournis : il s’étend sur 450 km, sa profondeur moyenne est de 1300mètres ( avec des abysses pouvant aller jusqu’à 2000 mètres ) et surtout sa largeur va de 5,5 km à l’endroit le plus étroit à……30 km !!!
Sur le papier, ça ne vous évoque peut-être rien, mais essayez un peu de mettre ces chiffres en perspective, et vous allez certainement réaliser combien ce Grand Canyon est énorme !
Sachez enfin que ce canyon a été creusé par le fleuve Colorado, qui coule paisiblement en contrebas.
Enfin, ce lieu est un formidable outil pour les géologues grâce aux très nombreuses strates visibles dans la roche. On a ainsi retrouvé des fossiles de plusieurs ères différentes, qui ont permis d’étudier le climat et surtout dans quelles conditions ont pu s’éteindre certaines espèces animales aujourd’hui disparues.
Moi je dis qu’on devrait inclure le Grand Canyon dans les sorties scolaires au collège : ça rendrait certainement les cours de géologie vachement plus bandants.
D’ailleurs en parlant de bébêtes, il faut savoir que le Grand Canyon abrite des centaines d’espèces animales : 355 d’oiseaux, 89 de mammifères, 47 de reptiles ( brrr ), 17 de poissons et une petite dizaine d’amphibiens.
On retrouve régulièrement le long du Grand Canyon des panneaux informatifs nous priant de ne PAS jeter de pièces de monnaie dans le vide en faisant un voeu, car les rapaces les prennent pour de la bouffe et s’étouffent avec.
Qui est le plus con? Celui qui fait un voeu en jetant une pièce dans un trou, ou celui qui boulotte un truc qui traîne à votre avis? Bref, on n’avait pas loué une voiture pour 5 alors qu’on était 6 pour jeter notre argent ainsi par les fenêtres. Mais quand on sait que 4,5 millions de visiteurs par an et donc de potentiels jeteurs de merdes pas comestibles foulent les sentiers du Grand Canyon, il y a de quoi s’inquiéter pour le système digestif des bestioles qui y vivent.
Sachez enfin qu’ il est possible de dormir au Grand Canyon mais que pour cela il vous faut demander une autorisation écrite . On conseille de s’y prendre 4 à 5 mois en avance car les places sont trèèèès limitées et prises d’assaut par les très nombreux randonneurs qui rêvent d’arpenter les tréfonds de ce Géant.
Enfin si vous envisagez de descendre puis de remonter, vous trouverez tout le long des sentiers des panneaux « Danger de mort » qui mettent en garde contre la difficulté qu’ont les randonneurs à remonter le dénivelé qu’ils viennent de descendre.
Il ne faut en aucun cas se surestimer, car le Grand Canyon aura raison de vous !
Les températures sont aussi très variables au cours de la journée, vous pourrez souffrir du cagnard comme de températures très fraîches !
Tout ça pour vous dire qu’ un périple au Grand Canyon se prépare , et se prépare BIEN.
Nous n’y étions que pour quelques heures , pour voir de nos propres yeux ce que la Nature peut nous offrir de plus spéctaculaire, et croyez-moi, nous sommes restés complètement ébahis par notre découverte. Des envies de randonnée suite à cette vision surnaturelle? Oui très certainement, mais comme je le disais à l’instant, un tel périple se conditionne pendant des mois….et je n’ai pas vraiment le temps d’y penser…pour l’instant ! 🙂
Etranglés par l’envie de voir très vite ce paysage fantasmatique, nous n’avons pas résisté longtemps et n’avons pas attendu d’arriver au «point de rencontre» ( ouais je l’appelle comme ça , mais je doute que ce soit son vrai nom ) et garâmes la voiture sur les très nombreux parkings aménagés que vous croiserez le long de la route. Cette unique route qui mène à un «point de rencontre» regroupant un restaurant et deux-trois boutiques de souvenirs.
Et là le choc .
Tu te prends un paysage que jamais dans tes rêves les plus dinguos tu n’aurais pu imaginer .
Mais l’excitation prend le pas sur toute autre forme de sentiments : on est jeunes, et diable on a vraiment de la veine de voir ça de nous-mêmes. C’est pas donné à tout le monde, et nous sommes là, en train de sortir nos plus beaux sourires derrière l’objectif, mais devant un site classé au Patrimoine Mondial de L’Humanité !
Nous clichetons à tout-va en prenant garde de ne pas rater de marche ( car la chute risque d’être assez sévère ) sur les gros rochers qui servent de panorama.
Des panneaux explicatifs nous indiquent le fleuve Colorado en contrebas, ce mince filet d’eau qui nous semble vert bouteille tirant sur le turquoise tellement nous sommes hauts !
On apprend quelques noms de sommets se situant en face de nous, et on reprend des photos.
On saute dans tous les coins, on cherche la meilleure photo possible. Puis nous décidons que ce point de vue est trop petit pour nous, et partons plus loin le long de la route.
Nous croiserons une bête qui nous barrera le chemin, de mémoire je pense qu’il s’agissait d’un genre de cerf. Paf on descend de voiture, mais la bestiole sans doute effrayée par cette demie douzaine de jeunes curieux s’enfuie à toute vitesse, et nous cède le passage jusqu’aux chalets bordant le Canyon.
Et c’est à cet endroit précis que nous mesurons toute l’ampleur de ce qui s’étend sous nos yeux.
Scotchée.
Je crois que c’est le meilleure adjectif que j’ai trouvé.
Avec ma meilleure amie, nous avons fait quelques dizaines de mètres avant de nous asseoir, les pieds dans le vide, le long d’un sentier qui menait à une boutique de souvenirs. Nous allions avoir l’immense privilège d’admirer un coucher de soleil sur le Grand Canyon, en plein mois de mai. Nous savourons l’instant, silencieuses. Nous admirons ce paysage surnaturel qui s’étend sous nos pieds.
J’ai l’impression qu’un géant ( pas vert ) style Zeus a foulé de ses immenses pieds cette terre aride qu’il trouvait trop morne, a sorti son grand éclair ( pas la pâtisserie hein ) de sa poche et a foudroyé la Terre à cet endroit. Et que le Grand Canyon n’est que le résultat de ce foudroiement en règle : une immense fissure.
On se sent alors petit. Vraiment ridicule. Devant la splendeur de cette merveille que la Nature nous a donnée, nous réalisons toute la mesure de nos soucis quotidiens : c’est de la merde. Tu ne profiteras jamais à fond de la Vie sans avoir vu un tel paysage. Tu relègues en tout dernier plan les petits soucis de la vie quotidienne.
En fait tu mesures que tu n’es pas grand-chose, que tu es un habitant de la Terre et que tu fais parti d’un cycle. Qu’un jour tu mourras, mais que tout ça fait parti d’un plan dont tu n’es pas l’instigateur.
Vous allez me dire : putain le Grand Canyon t’a rendu philosophe ma fille. Mais je vous assure que devant une telle immensité , un tel silence , mais surtout une telle beauté , vous réalisez que vous êtes peu de choses .
Jamais je ne suis restée aussi muette de ma vie, jamais la contemplation à partir d’un point fixe ne m’a pris autant de temps. A chaque battement de cils et à chaque clignement de paupières, je voyais un détail que j’avais raté au battement de cils précédent. Nous aurions pu rester des heures ainsi, à admirer l’immensité, silencieuses mais reconnaissantes que nos vies respectives nous aient permis de voir cela de nos propres yeux. J’aurais tant aimé que ma mère soit également à mes côtés et puisse jouir de ces instants précieux qui font que vous pouvez bien mourir là tout de suite, mais que sur le coup vous vous en foutez royal. Je me plais à penser qu’elle était un peu avec moi, et qu’après lui avoir montré les dizaines de clichés à mon retour, elle ait pu ressentir ce que j’ai ressenti ce jour-là, le 30 mai 2009.
Et si nous avons changé de place de très longues minutes après ma meilleure amie et moi, c’est uniquement pour pouvoir poser nos popotins sur un muret à quelques dizaines de mètres, pour suivre le trajet du soleil couchant et profiter ainsi d’une vue encore plus sublime que nous aurions pu l’espérer.
Puis l’astre s’est planqué derrière les formations rocheuses, loin, très loin à l’horizon. Mais nous n’avons pas décollé nos miches du muret pour autant. Nous regardions alors d’un autre oeil ce que nous avions admiré dans la lumière. Les strates rouges , oranges , marrons et grises deviennent achromatiques, les touffes vertes de végétation se fondent avec les parois , le fleuve Colorado disparaît , et apparaissent alors des petits points de lumière dansants , qui nous permettent de situer les refuges et les randonneurs émérites ( et chanceux ! ) qui arpenteraient encore les sentiers le lendemain, dès le Soleil et les couleurs vives du Canyon réapparus.
Nous n’avions plus aucune notion du Temps .
Après tout, si nous avions choisi de faire dix heures de route au total dans la journée, c’était vraiment pour profiter à fond de ce paysage fabuleux.
Pourtant quelque chose nous a réveillé de notre torpeur : le froid .
Bordel dès que le soleil se couche, on sent les degrés qui s’évaporent. Nous sommes alors passés d’une vingtaine de degrés à 5°C. Pour moi qui étais en robe et n’avais pas pris de pull, ça a été la claque. Je me suis alors précipitée dans le magasin encore ouvert par cette jolie nuit tombée, et ai raqué une cinquantaine de dollars pour un sweatshirt estampillé Grand Canyon . Ca m’a fait mal à la Visa. Mes potes refusaient catégoriquement de mettre autant de fric dans un bout de tissu. A défaut d’être joli, il servira de souvenir. De toute façon je me pelais vraiment trop les miches. J’en ai profité pour acheter quelques cartes postales à envoyer, mais je les trouvais vraiment trop belles et les ai donc gardées pour ma pomme, hehehe.
C’est tard dans la nuit que nous nous sommes enfin décidés à reprendre la route de Las Vegas, afin de mouvementer d’une toute autre manière une journée qui s’était avérée parfaite à bien des égards. C’est donc à nouveau tassés à six âmes dans notre berline , heureux d’avoir vu cette Merveille de nos propres yeux, que nous serrions les fesses pour ne pas nous faire prendre. Mais à quelques miles de notre point d’arrivée, gasp, une sirène retentit derrière nous. Ma copine a eu beau tenter de se fondre avec les tapis de sol, les policiers n’étaient pas dupes.
Heureusement, ceux-ci ont été hyper compréhensifs et comme nous n’étions plus qu’à quelques miles de la Sin City et au lieu de nous verbaliser, ils nous ont demandé de faire deux aller-retours pour ramener toute la petite bande à notre hôtel en toute sécurité. Ouf !
Rien n’est donc venu ternir notre belle journée . On avait bien mal à quelques endroits divers et variés , selon l’endroit où nous étions chacun ratatinés dans la voiture pendant nos dix heures de trajet , mais le jeu en valait la chandelle.
Oh oui.
Si je n’avais qu’une seule chose à vous conseiller , c’est d’aller voir le Grand Canyon une fois dans votre vie . Peu importent les sacrifices , qu’ils soient financiers ou lombaires ^^, il faut découvrir de ces propres yeux , s’émerveiller , se rendre compte de l’immensité de ce paysage magnifique par soi-même .
Le détour par le nord-ouest de l’Arizona est indispensable pour qui séjourne à Las Vegas mais a envie de faire autre chose que claquer son pécule au casino : jamais vous ne regretterez ces quelques heures de contemplation ébahie. Et pour les gros veinards, randonneurs et patients dans l’âme qui voudraient y rester plus longtemps et partir à pieds à le découverte de la faune et la flore du Grand Canyon, n’oubliez pas d’organiser votre périple plusieurs mois à l’avance et surtout de nous faire saliver avec vos clichés fantasmatiques.
Ce Grand Canyon reste dans mon coeur une Merveille du Monde , un endroit qu’on ne peut s’imaginer que dans nos rêves les plus fous , mais qui pourtant existe et se révèle encore plus incroyable qu’on ne l’aurait espéré. C’est un détour indispensable pour qui voyage aux Etats-Unis , pour qui veut prendre juste une journée afin de se clouer soi-même le bec . Vous n’aurez jamais vu pareil paysage , et pourtant j’ai déjà pas mal voyagé dans ma courte vie !
Enfin je tenais à souligner l’extrême propreté du site, qui ne manque pas de poubelles. Ouais ça casse un peu le rêve de parler de ça en dernier, mais pourtant c’est tellement agréable de ne pas voir de déchets traîner partout que ça méritait d’être souligné 🙂
3 Commentaires
lalutotale
29 mars 2013 20 h 02 min… <3
Psycho
29 mars 2013 16 h 46 minTa mère n’a pas vu le Grand Canyon, mais je te parie qu’elle en a vécu un beau paquet de ces moments-là. Ils doivent flotter avec elle aujourd’hui, dans le grand Tout qui abrite aussi les merveilles de notre monde et qui résistera quand nous seront loin, loin, loin dans le temps <3
ladymilonguera
29 mars 2013 14 h 37 minC’est vrai que les panoramas doivent être époustouflants !
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