Au quatrième jour de notre séjour en Crète, nous parcourons les quinze minutes qui nous séparent de la capitale, Héraklion, avec un seul but en tête : visiter le musée archéologique de la ville avant de nous rendre sur le site de Cnossos en début d’après-midi.
J’avoue avoir traîné un peu la patte pour y aller : Musclor fut insatiable toute la semaine côté visites culturelles et il voulait absolument qu’on se rende à ce musée. Question de vie ou de mort je pense. De plus, notre guide du Petit Futé conseillait cette visite avant de se rendre au palais de Cnossos. Ils étaient deux contre moi. J’ai cédé….Et je n’ai pas regretté.
Naturellement, nous avons opté pour le billet combiné musée archéologique d’Héraklion + site de Cnossos pour la modique somme de 10€ chacun.
Selon moi, jamais billet d’entrée à un musée n’a été tant rentabilisé : nous y avons passé presque cinq heures sans voir le temps passer ! Je vous explique même pas le nombre de clichés que Musclor et moi avons pris ce jour-là. Avec un appareil photo chacun, je crois qu’on a tout simplement photographié tout le musée.
Et je vais vous faire un aveu : je crois que de toute ma vie de trentenaire, c’est le plus fantastique musée que j’aie jamais visité , et pourtant j’en ai fait quelques-uns répartis aux quatre coins du globe…
Je vais donc dans cet article dédié à cet endroit fabuleux, tenter de vous immerger un peu dans notre visite et surtout vous donner envie de le voir par vous-même. C’est vraiment un incontournable en Crète !
Au départ, c’était pourtant mal barré : notre guide nous indiquait que le musée était en cours de rénovation depuis de nombreuses années « pour une durée indéterminée » et qu’il fallait se rendre dans le petit musée à côté pour admirer les collections… Sachant que notre édition datait de 2014, on avait les miquettes de tomber sur un lieu vraiment tout petit ….Il n’en fut rien : nous avons arpenté 22 salles d’exposition sur 2 étages complets ! Autant dire que Le Petit Futé devrait mettre son bouquin à jour car il pourrait bien en décourager certains…le musée a en effet rouvert ses portes en mai 2014 après 8 années de travaux.
Après avoir payé nos billets puis traversé une jolie pièce ouverte toute de marbre vêtue, garnie de bancs où il fait bon s’assoir après des heures à piétiner, nous pénétrons le musée archéologique et commençons logiquement par visiter le rez-de-chaussée qui présente les objets dans l’ordre chronologique pour mieux appréhender l’évolution sociale et culturelle crétoise, depuis le Néolithique jusqu’à l’époque romaine.
Le premier objet à m’avoir marquée fut cette figurine en marbre d’un homme en position debout, découverte à Cnossos. Vous me direz qu’en soi, un mec debout n’a rien d’extraordinaire…mais quand on sait que cet objet date de -6500 à -5900 avant J-C , il y a de quoi rester sans voix. La précision des détails anatomiques et du matériau utilisé sont absolument incroyables pour l’époque !
Le musée présente des centaines de sceaux royaux ou ayant servi à des fins commerciales. La collection est hyper impressionnante et une fois de plus, nous sommes soufflés par la finesse des motifs et l’état de conservation absolument parfait de ces petites pièces :
De la même manière, de magnifiques vitrines présentant tous les objets en or, pierres et métaux précieux sont présentées aux visiteurs. La diversité de formes des objets et des techniques employées est incroyable :
Au détour d’une vitrine est exposée, toute seule, telle une star, le splendide pendentif représentant deux abeilles tétant une goutte de miel, découvert sur le site de Malia que nous avions visité la veille. Cet objet est daté de -1800 à -1700 avant J-C ; une fois encore, Musclor et moi sommes sur les fesses.
Nous continuons notre visite au milieu des trésors minoens dans un silence absolu seulement ponctué par quelques guides expliquant religieusement à des groupes de touristes la provenance de tel ou tel objet ( après avoir tendu l’oreille parmi tous les groupes, aucun guide n’était français, snif. Nous nous sommes donc contentés des panneaux explicatifs seulement traduits en anglais ).
Parmi ces milliers d’objets, voici les plus remarquables à mon sens :
Nous pénétrons dans une seconde salle immense présentant une incroyable maquette du Palais de Cnossos dont la visite est prévue l’après-midi même :
Dans cette même salle, nous trouvons là aussi de nombreux objets remarquables dont cette merveilleuse bague en or découverte à Cnossos et gravée d’inscriptions en linéaire A, datant d’environ -1700 avant J-C :
L’un des autres objets incontournables de cette salle d’exposition est bien sûr le Disque de Phaestos ,l’incroyable, le seul, l’unique !
Nous avions visité le palais et avions hâte de découvrir de nos propres yeux cet incroyable disque d’argile recouvert sur ses 2 faces de hiéroglyphes imprimés au poinçon, qui à ce jour n’ont pas encore été traduits. Cet objet reste un véritable mystère pour tous les chercheurs à travers le monde, qui se questionnent sur son utilisation, sa signification et sa provenance exactes. Je vous conseille de lire l’excellente article de Wikipédia ICI si ce disque mystérieux vous interpelle comme moi il m’a subjuguée lorsque je l’ai découvert dans sa vitrine ( Musclor je vous dis pas, il est resté prostré pendant des plombes ) :
Nous nous aventurons ensuite dans les autres salles, toujours ébahis par nos découvertes. Entre doubles haches de 3 mètres de haut, bijoux à gogo et vases qui te font dire que de nos jours, la déco c’est vraiment de la daube, on en prend plein les mirettes.
Parmi ces curiosités, j’ai admiré ce modèle en argile baptisé « la balançoire », représentant une figurine femelle se balançant sur une corde tendue entre deux colonnes. Sur ces colonnes sont assis des oiseaux, les gardiens de la déesse minoenne comme ils apparaissent dans les scènes d’épiphanie ( c’est-à-dire les scènes d’apparition sur Terre de la déesse ). Découverte à Agia Triada et datée de -1500 avant J-C, il s’agirait donc d’une représentation de la descente de la déesse sur Terre :
Comment rester de marbre ( je m’aime ) devant les dizaines de sceaux caractéristiques des différentes villes de Crète ? La diversité d’emploi de matériaux utilisés et une fois encore, la finesse des motifs gravés sont absolument saisissantes :
Nous tombons ensuite en pâmoison devant la célèbre et magnifique Bague du Roi Minos. Découverte aux environs de Cnossos et datée de -1500 avant J-C, elle représente la Déesse minoenne en robe longue, assise sur un siège flottant dans les airs entourée de deux femmes tenant chacune un arbre qu’elles vénèrent ( on appelle ça la dédolatrie ). Le royaume des dieux, la terre et la mer sont tous symbolisés sur cette pièce en or de toute beauté :
Retour aux sculptures de grande envergure avec cette immense tête de taureau qui est en réalité un vase à libations ( = un rython ) , découvert à Cnossos et datant de -1600 avant J-C. Le côté gauche de la tête et les cornes ont été restaurés tandis que le contour du museau fait de coquillages blancs, l’oeil droit fait de cristal de roche avec son iris de jaspe rouge sont d’origine :
Nous n’avons pas fini de découvrir de magnifiques pièces puisque c’est ensuite la Déesse aux Serpents qui nous tend les bras ( ou plutôt qui brandit des reptiles, brrr ). Datant d’environ -1600 avant J-C et découverte à Cnossos, cette figurine en faïence représente donc une divinité chtonienne à la poitrine proéminente, symbole de fertilité :
La visite continue au gré des salles et nous tombons une fois encore sur une pièce magnifique, parfaitement représentative de tout l’art et du savoir-faire minoens. Il s’agit d’un vase de libations entièrement réalisé en cristal de roche surmonté d’une encolure de disques d’ivoire recouverts de feuilles d’or. Découvert sur le site de Zakros et datant de -1450 avant J-C, il s’agit d’une pièce maîtresse du musée que j’ai admirée de longues minutes :
Dans les salles suivantes, j’ai été impressionnée, bluffée, complètement estomaquée ( les adjectifs me manquent ) devant la collection monstrueuse de bijoux faits de métaux et pierres précieuses. J’ai clicheté chaque vitrine en bavant d’admiration. A cette époque, les femmes qui portaient ce genre de parures n’avaient rien à envier à des Cartier d’aujourd’hui. Petite ( toute petite ) sélection des vitrines que j’ai adorées tant par l’harmonie de couleurs que la minutie avec laquelle les bijoux ont été réalisés ( je vous rappelle qu’on est à peu près deux mille ans avant J-C…. ) :
Tout au fond de la dernière salle du rez-de-chaussée se tiennent une bonne vingtaine de sarcophages en excellent état. Alors que l’un d’eux est entrouvert, je décide de m’approcher pour voir de quoi l’intérieur est fait…Et je tombe sur un os nez-à-nez avec un charmant squelette. Pour info, la taille de ces sarcophages est minime car on avait pour habitude de placer les corps en position foetale.
Un grand couloir tapissé de vitrines présente ensuite les collections personnelles d’objets acquises par le musée. L’occasion une fois encore d’admirer de belles pièces dont quelques vases et amphores débordant de pièces d’époques. C’est à ce moment précis qu’un vigile a déboulé à toute berzingue pour interdire à Musclor de photographier ces objets. Mais pour moi, c’était déjà dans la boîte :
A l’époque minoenne, on savait graver, peindre, tailler mais on savait aussi sculpter. Quelques belles pièces nous rappellent que les crétois maniaient avec brio avec qui? dextérité tous les arts :
Enfin, nous avons remarqué à de nombreuses reprises la présence de swatiska sur des objets divers et variés. L’occasion de constater que ce symbole utilisé par le nazisme n’a, à l’origine, aucune signification politique mais était beaucoup utilisé dans l’art minoen pour représenter la grande déesse minoenne. Saviez-vous d’ailleurs qu’on l’appelle « croix gammée » car elle est composée de 4 potences prenant la forme de la lettre grecque gamma ?
Après plus de trois heures passées au rez-de-chaussée à contempler les fabuleux trésors dont regorge le musée, nous constatons avec surprise la présence d’un étage. Punaise je sens qu’en réalité, on va passer la journée ici, c’est pas possible autrement. Nous grimpons l’imposant escalier jusqu’à arriver à la salle des fresques.
Dans cette vaste pièce sont regroupés tous les fragments de fresques retrouvés sur les sites archéologiques crétois, particulièrement celui de Cnossos. Pour plus de compréhension, le reste de la fresque ( c’est-à-dire la majorité de l’oeuvre puisque peu de morceaux ont été retrouvés ) a été reconstituée. Leur taille est colossale puisque souvent, elles font plusieurs mètres de haut ou de large. Elles représentent des scènes de la vie quotidienne mais surtout on ne peut que constater l’amour que les minoens portait à la Nature.
Nous découvrons enfin la salle des sculptures avec les collections des époques grecques et gréco-romaines. J’avoue que cette partie du musée m’a moins intéressée car les oeuvres datent de notre Ere, ce qui ne leur ôte en rien leur splendeur bien sûr. C’est l’occasion d’admirer les représentations des dieux et déesses grecques.
Après plus de quatre heures passées dans le musée, nous sortons à l’air libre, ravis de notre visite. Jamais pièces de musée ne m’ont autant subjuguée, interrogée, faite rêver. Les différentes sensations sont indescriptibles. Restent heureusement les nombreux clichés pris ce jour-là, témoignage et souvenirs de ces quelques heures passées hors du temps, à contempler l’oeuvre du peuple minoen.
J’espère ne pas vous avoir trop barbés avec cet article qui a nécessité un travail considérable de recherches et traduction mais au contraire, vous avoir donné une envie irrésistible de visiter le Musée Archéologique d’Héraklion qui selon moi, est l’une des visites phares pour qui se rend en Crète !
Après cette visite magnifique, somptueuse, splendide ( désolée, les qualificatifs me manquent ), nous partons à la découverte du site de Cnossos…et ce sera l’objet de mon prochain billet 🙂
0 Commentaires
lalutotale
31 octobre 2014 18 h 33 minMerci à toi d’avoir tout lu et pour ce commentaire très sympa qui me pousse à continuer ! 🙂 D’ailleurs la suite arrive ce soir ou demain…
Bisous !
Helena
31 octobre 2014 17 h 38 minBonsoir,
Wouaw, j ai adoré..cest magnifique!j adore tout qui reflete nos ancetres, quelle que soit la civilisation concernee..tout est si beau, si bien preservé, comme si le temps s etait arreté!
Un grand merci.
Bisous!
lalutotale
29 octobre 2014 15 h 19 minmouhahaha ! Figure-toi que j’arrive à prononcer le grec en le voyant par écrit ( mais le comprendre laisse béton quoi )
Agoaye
29 octobre 2014 15 h 13 minBen ouais, parce qu’en plus il y avait une étiquette, mais en grec, alors c’était pas évident question traduction 🙂
lalutotale
29 octobre 2014 14 h 54 minrho punaise je suis TROP contente que ce billet t’ait servi à identifier ton objet !!! <3
Agoaye
29 octobre 2014 14 h 53 minEh non tu ne nous a pas barbé (enfin pas moi en tous cas), tu sais donner envie !!!!
Quant au disque d’argile, tu viens de répondre sans le savoir à l’une des plus grandes interrogations de ma vie. J’en ai trouvé une copie chez mon père mort, alors je l’ai prise sans savoir ce que c’était et j’ai revu la même chez une de mes anciennes directrices qui elle aussi a été incapable de m’éclairer quant à l’origine de cette reproduction.
Grâce à toi je sais !
lalutotale
29 octobre 2014 13 h 21 minmerci ma morue <3
KarinePouffe64
29 octobre 2014 13 h 15 minGénial; ça donne envie !
lalutotale
29 octobre 2014 11 h 03 minmerci ! 🙂
prissou333
29 octobre 2014 11 h 02 minsuper article, ça donne envie.
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