Lors de mes vacances d’été en 2009, j’ai visité la très jolie capitale tchèque. Mais je ne me suis pas contentée de picoler des binouzes locales et de blinder mon estomac de divins goulashs. J’ai aussi entrepris de visiter les lieux incontournables de Prague en 3 jours seulement grâce aux précieux conseils de Psychosexy ayant foulé le même sol quelques semaines auparavant.
Grâce à ma caillounette chérie, j’ai découvert un musée pas comme les autres. Un musée historique, social et politique qui m’a simplement retourné les tripes. Et pour qu’un lieu culturel me fasse tant d’effet, croyez-moi sur parole, c’est que l’endroit est à visiter absolument.
On commence la visite par un grand, un ENORME paradoxe voire même un anachronisme : le musée se situe sur la très renommée avenue Prikope dans le centre de Prague. Et figurez-vous que pour trouver le musée du communisme, il vous faudra repérer les pancartes… du casino !
Non non vous ne rêvez pas : ce sont bien dans la même bâtisse que se côtoient symbole du capitalisme et lieu du souvenir sous fond de dictature prolétaire…Pas besoin d’avoir fait centrale pour souligner le caractère étonnant d’une telle cohabitation.
Vous aurez à gravir quelques marches d’un immeuble cossu pour enfin accéder à l’entrée qui ne paye pas de mine. On comprend immédiatement que le musée n’est pas énorme quand on s’aperçoit qu’un petit comptoir au milieu de la pièce fait office de caisse pour les tickets et aussi pour la boutique de souvenirs située dans le même petit espace.
Prétextant un oubli de carte, j’ai pu profiter du tarif étudiant qui s’élève à 140 couronnes tchèques ( CZK ) soient environ 5 euros au moment de ma visite. Oui je suis toujours aussi fourbasse ( pourtant il s’agissait d’une caissière donc je n’ai pas eu à user de mes charmes hihihi )
Pour les adultes, le tarif s’élève à 180 CZK soient 7 euros.
La visite pour les enfants est gratuite et les groupes de 10 personnes minimum paieront le même tarif que les étudiants.
Les tarifs sont donc carréments honnêtes compte-tenu du nombre d’attractions attrape-couillons pour touristes que l’on peut trouver alentour.
Pour planifier votre sortie, il est important de savoir que le musée dispose d’un site Internet en anglais bien pratique quand on veut se renseigner sur l’évolution des tarifs, situer précisément le musée dans les rues de Prague ou simplement consulter les horaires d’ouverture ( très larges, de 9h à 21h, encore un bon point pour le musée ).
N’hésitez pas à le consulter, il est sobre mais bien fichu.
Le musée est découpé selon 3 thèmes majeurs :
- d’abord LE RÊVE ou l’explication de la raison pour laquelle les tchèques ont pensé que la dictature russe pouvait remettre à flot un pays envahi pendant la 2nde Guerre Mondiale par les nazis.
- Vient ensuite LA REALITE avec l’illustration de la vie quotidienne des tchèques sous le joug communiste pendant les années de guerre froide.
- Et pour finir, la partie la plus saisissante du musée : LE CAUCHEMAR ou comment les tchèques en sont venus à la Révolution de Velours de 1989…
Ces trois thèmes ne sont pas précisément découpés durant la visite du musée : c’est la découverte des objets, la lecture des articles et les mises en scène exposées qui laissent deviner au visiteur que l’on change radicalement de période.
Par ailleurs, le point fort trèèèèèèès appréciable du musée se trouve dans les nombreux panneaux explicatifs : ils sont traduits dans 7 langues différentes dont le français . Alleluïa. J’avais encore en tête la visite du Musée Juif où ma cervelle était ressortie en bouillie après des heures de traduction anglais-français.
Au Musée du Communisme, vous n’aurez pas à vous triturer les neurones. Tout au plus, vous devrez vous tordre le cou pour lire les panneaux …. l’étroitesse du lieu… Plus de 4 personnes autour du même panneau et c’est la bousculade . J’ose pas dire l’anarchie ^^
Ces panneaux numérotés ( ça permet de garder un fil conducteur logique pendant sa visite ) sont présents tout au long de la visite. Le texte est clair et bien traduit d’une langue à l’autre. Méga-important ça. De plus, ils présentent de nombreuses illustrations d’époque telles des caricatures du capitalisme made in USA parues dans les journaux communistes.
Parallèlement à ces lectures instructives, le Musée présente pléthores de statues et bustes en tout début de la visite. Bien pratique quand on bullait en cours d’histoire au collège pour savoir mettre une tronche sur un nom comme Marx, Lénine ou Staline.
De plus malgré le peu d’espace mis à disposition, de nombreuses scénographies sont installées près des panneaux explicatifs : vous y verrez une épicerie telle qu’elle l’était à l’époque ( la réalité ), une salle de classe ( le rêve ) ou encore le bureau d’un gradé communiste ( le cauchemar ). Toutes ces scènes sont agrémentées de dizaines d’objets d’époque et vous serez peut-être nostalgiques devant ces vieux téléphones et gramophones, mais vous aurez un frisson d’effroi devant l’ ingéniosité déjà fort avancée sur les techniques d’armement et de défense communistes…
Alors évidemment devant le peu d’espace du Musée, on peut se demander comment diable autant d’objets peuvent entrer là-dedans. Bon faut être honnête : des fois c’est le bordel.
Une ou deux de mes photos sont explicites.
Cependant, je persiste à croire que les gens responsables de l’agencement se sont arrachés quelques touffes de cheveux pour rendre le tout un maximum attrayant dans un minimum d’espace. Même si ça semble bordélique dans certaines dispositions, on s’y retrouve. On se surprend à rester debout devant des dizaines d’objets hétéroclites pendant un bon quart d’heure, détaillant les moindres curiosités.
Le choc est au bout de la visite : quand vous penserez en avoir terminé avec le cauchemar, vous mettrez un pied dans la salle privée de vidéoprojection toute petite avec sa vingtaine de sièges, et regarderez la vidéo qui tourne en boucle.
Vous y verrez comment les opposants au régime communiste pouvaient s’exprimer et surtout comment fonctionnait la répression…Vous comprendrez mieux la Révolution de Velours de 1989 qui marqua la fin de cette ère dictatoriale. Vous serez effarés quand vous réaliserez que ces exactions eurent lieu au 20ème siècle et que pendant ces mêmes années, la France insouciante prospérait et bougeait sur la musique disco pendant qu’à 900 km de Paris, de braves gens se faisaient matraquer sur la place Venceslas…
En 1989, j’avais 5 ans. Je ne savais pas ce qu’était une dictature ni une guerre. Maintenant je sais, et je comprends qu’il suffit d’oser ouvrir les yeux pour voir.
Je pense que le Musée est impartial malgré les thèmes politiques ( donc parfois polémiques ) qu’il développe. Il aide à réfléchir sur les dérives que peut entraîner un mouvement politique extrémiste qui paraît de bonne augure pour un pays en difficulté ( et pourtant je suis plus gauchiste qu’autre chose… ) .
En plus d’éclairer sur le régime lui-même, il fait comprendre au visiteur que la République Tchèque a énormément subi les remous politiques de ses voisins. Disloquée, réunifiée et persécutée, cette population se devait de présenter un musée du communisme édifiant.
C’est parfaitement réussi.
Je ne peux que vous encourager à déserter les brasseries pragoises quelques heures pour découvrir ce petit bijou culturel : abordable autant d’un point de vue économique qu’intellectuel , il permet à n’importe quel quidam de se remémorer ou de découvrir le passé houleux et noir d’une République Tchèque qui a trop souvent subi les dictatures… avant de se soulever.
Une collection très riche et fouillée d’objets et de documents d’époque viennent illustrer l’ Histoire racontée sur les panneaux du Musée.
On en ressort tourneboulé, enrichi , parfois écoeuré par la Nature Humaine… Mais on ne peut pas rester indifférent après la visite du Musée du Communisme.
Satisfaction : 9 / 10
1 Commentaire
LadyMilonguera@Talons hauts & sac a dos
14 avril 2013 14 h 14 minC’est un musée à voir, il est vraiment étonnant !
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