Chez Lush , marque de cosmétiques bobo-écolo british qui ne teste pas ses trouvailles sur nos amies les bêtes, plusieurs types de contrats sont établis envers les produits commercialisés :
- Le CDI : il a fait ses preuves, les lush-addicts en sont folles et par conséquent, il rapporte un max de pognon. Le titulaire du CDI est pérenne : visible sur les sites internet français et anglais, il s’exhibe continuellement sur les étals des 11 magasins du territoire. Exemple : le shampooing « Retour dans le droit chemin ».
- Le CDD : Il a brillé en son temps mais malgré son succès, Bigboss ne l’a pas gardé. Personne n’est indispensable, place aux jeunes. Cependant, considérant que le produit en CDD fut tout de même rentable, Bigboss décida de lui consacrer un petit espace dans la partie «Rétro» du site anglais. Exemple : le pain moussant Marzibain.
- L’intérimaire : il revient tous les ans, mais pour une durée limitée. Il est souvent recruté en période de fêtes de fin d’année où les lush-addict se précipitent sur lui, tant sa présence est rare. Certains bossent aussi pour Pâques, pour que Bigboss touche des gros oeufs. Exemple : le gel douche Fée des Neiges.
- Le licencié : personne ne sait pourquoi, mais on ne le reverra jamais. A-t-il commis une faute grave ou un délit d’initié? Nul ne saurait percer le mystère. On en retrouve parfois un, perdu au fond d’un tiroir ou d’un sac à mains oublié, et pris de nostalgie, on se surprend à l’utiliser pour enfin comprendre pourquoi ce collaborateur a été viré . Exemple : le pain moussant Concert de jazz dans le cosmos.
Pulcolèvre, ou Lip Lime dans sa traduction anglaise, fait parti de cette malheureuse 4ème catégorie.
En toute honnêteté, j’aurais été Bigboss que je l’aurais envoyé péter aussi.
Avant de tailler un costume à Pulcolèvres, il convient de présenter sucintement la gamme des baumes Lush en CDI ou intérimaires.
Esthétiquement parlait, ils adoptent exactement le même format que les parfums solides et baumes pour les tempes, à savoir une petite boîte métallique dont le couvercle se visse et dont la contenance se limite aux 10 grammes syndicaux de produit.
Grâce au couvercle, n’importe quelle lush-addict reconnaîtra ce baume : pourvu qu’on ait la gamme de couleurs imprimée dans le ciboulot, il est alors aisé de se souvenir que Pulcolèvres = Vert.
Lush-addict mais cruche sur les bords, il m’est souvent arrivé de me coller du baume à tempes sur les lèvres, du baume à lèvres dans le cou ou du parfum sur les tempes. Par pitié, mentez-moi en m’assurant que je ne suis pas la seule dans ce cas.
Directement visible au dos de la boîte métallique, la composition ferait rêver n’importe quelle pouffe éxecrant la chimie :
Beurre de karité, beurre de cacao, beurre de mangue, beurre d’avocat, huile de noyau d’abricot, beurre de noix de coco, essence de pépins de raisin, arôme, essence de citron vert, essence d’orange, essence de citron.
Il est impossible de retrouver la composition sur les sites internet français ou british, le produit ayant purement et simplement disparu des étals Lush.
Exclusivement composé d’huiles et de beurres ( mais pourquoi diable sont-ils allés fourrer un arôme là-dedans?? ), on peut s’attendre à un maximum d’hydratation pour cette pulpeuse partie de notre petit corps.
Un petit coup d’oeil aux compositions des 5 autres baumes à lèvres fait cependant frémir : tous contiennent au moins 1 paraben. Si Pulcolèvres était le seul à être clean, pourquoi l’avoir retiré de la vente? A contrario, aurait-on ‘oublié’ de nous signaler la présence d’un conservateur?
Le scepticisme vient donc ternir l’image parfaite que je me faisais de la composition de Pulcolèvre. Oui, tant de mystère, c’est chelou.
Avant d’être dégagé comme un malpropre, Pulcolèvre coûtait 3,95 £ en Angleterre soit 4,45€.
Mais à cette même époque, il était vendu 6,95 € en France… La pouffe française détestant être prise pour une buse, elle pouvait bénéficier de 36% d’économie en achetant british.
Personnellement, ayant utilisé mon superpouvoir aujourd’hui disparu, je n’ai même pas pris le temps de lire la description inhérente au baume. Bien mal m’en a pris, je me vois contrainte de vous livrer ma traduction personnelle de la description anglaise. On ne se moque pas hein !
«Donnez-nous de l’éclat, nous voulons de la brillance pour nos lèvres! » Vous l’avez demandé, nous vous le livrons! Helen Ambrosen a créé une toute nouvelle recette pour Lip Lime. C’est un délicieux baume à base de beurres qui se fond sur vos lèvres pour leur apporter une brillance sexy et un goût citronné. Contrairement aux autres gloss, c’est plus qu’une simple brillance ; il tonifie et aide à garder vos lèvres souples. Mais si vous utilisiez déjà nos autres baumes pour rendre vos lèvres heureuses, douces et lisses, et par conséquent, si tout ce que vous voulez pour les rendre parfaites est juste une couche supplémentaire de brillance, alors Lip Lime est exactement ce qu’il vous faut. »
La pouffe étant de nature très propre, elle ne fourre jamais ses doigts n’importe où. Pour les autres, il faudra veiller à ne pas avoir les phalanges dégueu sous peine de cradouiller le baume. En effet, il faut tout d’abord dévisser le couvercle : vous y parviendrez sans peine si vous n’avez pas trifouillé un corps huileux et bien revissé lors de la dernière utilisation ( sinon, on en chie ).
Ensuite se pose la question de savoir comment prélever le baume archisolide. Certaines adoptent la technique du «je glisse la boîte métallique sous mes fesses», maheureusement impraticable en pleine rue un soir d’hiver à moins que vous parveniez à marcher avec le baume entre les…bref je m’égare.
Ma technique à moi est simple : je prends la pulpe de mon index propre en tenant fermement la boîte de l’autre main, et je frotte, tourne, frotte, tourne le doigt comme une tarée pendant 10 bonnes secondes pour réchauffer la texture qui devient nettement plus malléable. Une fine couche de produit enduit alors mon index devenu brillant et sans attendre, j’étale sur mes lèvres désséchées par le froid ambiant. Si il n’y en a pas assez, et vas-y que je refrotte, et vas-y que je retourne le doigt et que j’en remets une couche.
PULCOnnerie !
Il était pourtant bien parti : bizarrement, il ne laissait aucune sensation de gras sur les lèvres ou sur les doigts ( chose que je déteste ) mais par contre la sensation de glisse était malgré tout présente.
Ce sont surtout les notes parfumées du baume qui ravissent les narines de la pouffe : très citronnée mais naturelle, cette douce senteur d’agrumes donnait vraiment un coup de frais aux lèvres tout en leur conférant une évidente brillance malgré tout discrète. Disons que si un flash de paparazzi venait la surprendre, la photo ne virerait pas au blanc au niveau de la bouche ( sauf par son sourire étincelant ), mais apporterait une touche de sensualité à ses deux atouts roses et charnus.
Seulement voilà : après une cigarette/ un bisou/ 5 minutes à glander AU CHOIX, il ne reste plus rien ! Pourtant je n’ai pas baffré mon gloss en passant ma langue sur mes lèvres, je n’ai rien englouti qui aurait pu emmener Pulcolèvre direct dans mon estomac. Que dalle.
Envolée la douce odeur citronnée, disparue la petite brillance glossy, et jamais vu la moindre trace d’hydratation.
Pourtant, je n’ai pas rêvé : le baume est composé d’huiles et de beurres…Vu le résultat catastrophique, j’aurais plus vite fait de m’enduire la bouche d’huile d’olive et de beurre riche en omégas 12.
En effet, non seulement la brillance se fait la malle en 5 minutes, mais apparaissent alors des petits grains… comme si je venais de manger un couscous sauf que c’est plus petit et invisible. Et pourtant je les sens : ils sont bien là et ils me filent un gommage des lèvres pas sympatoche pour mes attributs fragilisés par le froid. J’essaye de bouffer tout ça vite fait pour effacer cette sensation grumeleuse des plus désagréables.
Par extension, Pulcolèvre est juste incompétent s’il s’agit de réparer des lèvres gercées. Vue sa courte durée de vie sur mes lèvres en journée, j’ai bien tenté d’en appliquer une couche épaisse le soir au coucher dans l’espoir de découvrir au réveil des mandibules souples et douces. Résultat : ça ne marche pas non plus.
Ceci dit, Lush n’avait rien promis dans son blabla pour le côté hydratant. La phrase «si tout ce que vous voulez pour les rendre parfaites est juste une couche supplémentaire de brillance, alors Lip Lime est exactement ce qu’il vous faut.» prend alors tout son sens : Pulcolèvre est juste un produit sensé faire briller les lèvres, point barre.
Sauf qu’il n’y parvient pas non plus, ou seulement deux minutes, pour la forme.
PULCOnclusion : Ca PULCOchon !
Puisqu’il fallait bien lui trouver quelques point positifs, j’ai fouillé et en ai dégoté trois :
- Il sent hypra bon le citron naturel et ne pique pas les lèvres ( manquerait pu que ça )
- Il n’est pas gras malgré sa composition nickel bourrée d’éléments lipidiques
- Il est hélas hyper économique et comme je ne jette jamais rien, je me sens obligée de le garder, proposant à qui veut de taper allègrement dedans. Je prends tout de même soin de demander aux malchanceux s’ils n’ont pas l’intention d’y fourrer de l’herpès ou des aphtes. Je suis généreuse mais pas machiavélique.
Je n’ai par contre aucun mal à lister les trop nombreux aspects négatifs de ce baume heureusement disparu :
- L’effet brillance disparaît en cinq minutes.
- Dès qu’il commence à sécher, le produit se transforme en un amas grumeleux indétectable à l’oeil nu mais bien perceptible sur les lèvres.
- L’effet hydratant est totalement absent malgré une composition à faire pâlir de honte Labello et consoeurs.
- La composition, aussi clean semble-t-elle, me laisse douter de la véracité de la liste d’ingrédients ( tous les baumes Lush contiennent au moins un paraben, mais pas celui-ci….)
Je comprends soudain pourquoi Bigboss l’a viré à grands coups de pieds dans le fût : licencié pour parfaite incompétence, sa présence n’était qu’accessoire et son utilisation totalement superflue. J’appuie donc totalement la décision prise par la hiérarchie et vous souhaite à tous de ne pas regretter cette disparition parfaitement justifiée. Néanmoins, mon baume entamé ne quitte jamais mon sac à mains, chaque utilisation le rapprochant un peu plus de la disparition pure et simple. Alléluïa.
Satisfaction : 1,5 / 10
0 Commentaires
lalutotale
23 avril 2013 14 h 08 min<3
Splasheuse
23 avril 2013 13 h 37 minJ’aime trop cet article! Je savais même pas qu’il existait celui là, mais heureusement qu’il l’ont viré hihi! Besos <3
lalutotale
20 avril 2013 12 h 24 minmerci beaucoup pour ce joli compliment :o) toujours contente d’avoir des retours !
lamodeestunefemme
20 avril 2013 10 h 38 minEXCELLENT l’article et j’adore ton style d’écriture!
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