Contrairement à la veille où je n’avais pas la frite dès le réveil, j’ai passé une excellente nuit dans l’hôtel où, je le rappelle, nous avons été surclassés. Six heures de dodo consécutives, SIX HEURES. Quel pied. Sans bobo la tête non plus. Bref : le rêve.
Du coup je suis d’excellente humeur pour ce 8ème jour de circuit péruvien. Même si je sens la fin approcher dangereusement et que ça me rend un poil tristoune, quand même. C’est malgré tout avec une grande excitation que je prépare un sac de voyage avant d’aller prendre mon petit-déjeuner : en effet, nous partons le soir-même pour Ollantaytambo et le Macchu Picchu par le train. Nous allons passer une nuit dans un hôtel à Agua Calientes pour nous rendre sur le site de cette Merveille du Monde dès le lendemain matin. Alors plutôt que de se trimballer nos grosses valoches pendant deux jours, pour mieux revenir à Cuzco ensuite et dormir dans le même hôtel où nous séjournons actuellement , Marco a eu la bonne idée de faire consigner nos valises à l’hôtel de Cuzco et de nous enjoindre à préparer un sac pour la Vallée Sacrée. Je pense à y glisser un maillot de bain, dans mon sac, parce qu’il paraît qu’il y a des sources d’eau chaude à Agua Calientes ( d’où son nom hein. ). Je me vois déjà le cul dans l’eau en train d’admirer les montagnes andines.
Après un petit-déjeuner copieux ( j’ai fait un sort au panier de viennoiseries et au jus d’oranges pressées ), nous allons tout d’abord visiter Cuzco et ses spectaculaires sites pré-incas environnants. Le programme du jour est méga-chargé, mais vu la qualité de ma nuit, je suis demandeuse !
Visite de Cuzco ( ou Cusco, ou Qosqo pour les intimes )
Je l’ignorais totalement mais Cuzco fut la capitale de l’empire Inca. Elle s’est ensuite fait damer le pion, des siècles plus tard, par Lima qui devint le grand axe commercial du pays. D’ailleurs nous découvrirons le lendemain qu’il y a un aéroport en plein milieu de la ville de Cuzco ! C’est comme si y’avait un aéroport juste à côté de Notre-Dame, je sais pas si vous voyez le délire. Ca n’empêche pas la ville d’être inscrite sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 1983.
Bref. Je m’apprête à découvrir tous les trésors de Cuzco grâce à notre guide locale Benilda, un petit bout de bonne femme qui est un vrai puits de Science et d’Histoire.
Tout d’abord, nous n’avons que la route à traverser pour rejoindre le couvent Santo Domingo ( on crèche au San Agustin Plaza ) érigé sur le Temple du Soleil.
Le jour de chance
Ce qui aurait pu s’avérer être une catastrophe pour notre journée de visites s’est mutée en jour de gros GROS bol. Aujourd’hui nous sommes le 8 Octobre et au Pérou, ce jour est férié. Tout est sensé être fermé pour la commémoration de la bataille d’Angasos. Heureusement notre guide Benilda est connue et reconnue de par la ville toute entière, et elle a réussi à négocier notre entrée dans le Couvent malgré tout.
Résultat : nous sommes SEULS dans l’enceinte du couvent.
Et apparemment c’est plutôt exceptionnel. Comme si les touristes à Paris découvraient le Louvre tout vide.
Bon en fait nous sommes presque seuls. Nous commençons à voir de l’agitation de l’autre côté du cloître et nous allons vite découvrir qu’en plus d’être les seuls touristes dans l’enceinte du Couvent, nous allons assister à la préparation de festivités..
La répétition d’un ballet assez curieux se prépare tandis que nous découvrons les merveilles architecturales des pré-incas, qui trônent dans l’enceinte-même du couvent. Car avant l’édification de ce dernier au XVIème siècle, se trouvait ici le Temple du Soleil.
C’était le Temple le plus richement décoré de tout le Pérou. Portes, corniches…tout était orné d’or massif et d’argent. C’est ici que les souverains Incas fêtaient les mariages, les sacres, les funérailles. C’est même dans cette enceinte qu’étaient conservées leurs momies, assises sur des trônes d’or.
Malheureusement à l’arrivée des Espagnols, le Temple fut entièrement pillé, l’or arraché et les momies profanées. Ne subsistèrent qu’une partie des fondations qui servirent alors à ériger le Couvent.
Pour l’heure, nous découvrons les merveilles architecturales imaginées par les Incas. Par exemple ici cette enfilade de murs dont les petites ouvertures sont parfaitement alignées pour laisser pénétrer les rayons du Soleil, même aux tréfonds du Temple.
De l’autre côté du cloître, nous découvrons des peintures et ornements qui illustrent combien l’observation et « la lecture » du Ciel avait son importance pour les Incas. Ici par exemple, je suis subjuguée de très longues minutes par ce tableau gigantesque représentant la Voie Lactée :
Ou encore ici la représentation du rayonnement du Soleil :
J’ai beau essayer d’être la plus attentive possible pendant les explications de Benilda, l’orchestre accompagnant la troupe de danseurs couvre la voix ( qui porte pourtant ! ) de notre guide. Nous repassons au centre du couvent pour admirer quelques minutes le spectacle qui se prépare pour les commémorations du 8 Octobre :
Il semble que les danseurs suivent les instructions de ce que j’appelle « le Maître de Cérémonie »….:
Et puis il y a ce curieux personnage au tarin long comme mon avant-bras qui s’immisce et semble contrer les ordres du Maître. Sandek, je pense que la sorcière d’Hansel et Gretel n’a rien à envier à son pif.
En tout cas, regarder toute cette troupe s’affairer est très rafraîchissant et amusant. Benilda a peut-être donné des explications, j’en sais rien ; je suis trop occupée à photographier tout ce petit monde.
Nous sortons de l’enceinte du Couvent pour profiter du soleil…mais surtout pour récupérer notre car ( il m’avait pas manqué celui-là ) qui nous emmène désormais aux alentours de la ville de Cuzco à la découverte de sites archéologiques en ruines datant des époques inca et pré-inca.
Je pense que c’est par manque de temps que nous ne nous rendrons pas sur le site de Puka Pukara. Comme c’est celui qui me semblait le moins intéressant des trois sites prévus, je me console en me disant que nous allons découvrir :
Sacsayhuaman et Tambomachay, ruines remarquables de Cuzco
Après quelques minutes de car, nous arrivons sur les hauteurs de Cuzco, à deux kilomètres du centre.Sous nos yeux ébahis ( et aveuglés )( on a eu une météo au top !! ) se dresse le majestueux site de Sacsayhuaman.
Sacsayhuaman
Il s’agit en réalité d’une forteresse érigée pendant la période Inca sous le règne de Pachacutec. Officiellement elle n’est plus considérée comme une forteresse puisqu’on a longtemps cru que ces murs avaient une vocation défensive. En réalité on a depuis compris qu’il s’agit d’un centre de cérémonie religieux, dédié ( évidemment ) au Soleil.
L’endroit est réellement saisissant. Surtout lorsqu’on découvre la taille des blocs de granit qui composent les 3 murs :
En effet, certains blocs de granit mesurent jusqu’à 9 mètres de haut, la plus grande taille observée parmi tous les monuments incas. Ils ont été emboîtés avec une précision extrême puisque les Incas n’ont utilisé aucun liant. Pas de mortier, rien. Juste ces blocs parfaitement ajustés.
Inutile de dire que je suis sur les fesses devant ce Tetris géant fabuleux.
De cet endroit, on a un panorama absolument merveilleux sur les environs. Jugez plutôt :
C’est sur ce site de Sacsayhuaman qu’a lieu tous les ans la Fête du Soleil ( ou Inti Raymi ) le 24 Juin, pendant le Solstice d’hiver. ( oui là-bas c’est l’hiver en Juin hein. )
Une célébration absolument gigantesque pour cet endroit qui s’étire sur plus de 3000 hectares. J’ai regardé quelques vidéos de cette fête d’Inti Raymi sur le net, et c’est une célébration grandiose ( je VEUX retourner au Pérou en Juin maintenant. )
Je vous invite d’ailleurs à lire l’article de mon ami Wiki au sujet de Sacsayhuaman, il est très instructif.
Pour moi c’est un incontournable à aller voir si on se rend dans la région de Cuzco. C’est absolument incroyable cette sensation de se sentir toute petite face à ces murs, mais on se demande également comment des êtres Humains au XVème siècle étaient capables de transporter et emboîter de manière si parfaite des blocs granitiques de cette taille.
Gros coup de coeur pour ces ruines !
Nous reprenons notre car pour quelques minutes de trajet. Cette fois-ci nous nous rendons sur :
Le site de Tambomachay
A quelques kilomètres de là, nous partons cette fois-ci le long d’un large sentier à la découverte du site de Tambomachay.
Même si plus personne n’a bobolatête car nous nous sommes acclimatés, je rappelle que nous sommes toujours à 3700m d’altitude. Et dans ces conditions, même quand le terrain présente un petit denivelé, on en chie.
Heureusement après seulement dix minutes de marche, Tambomachay apparaît devant nous :
C’est à cet endroit qu’on pratiquait pas mal de sacrifices d’enfants #Gasp. Mais ce n’est pas sa fonction première puisqu’à l’époque des Incas, les niches qui apparaissent dans l’édifice servaient à abriter les gardes de la Cité de Cuzco. Ce site compte également 2 fontaines et un joli système d’irrigation très ingénieux pour acheminer les eaux :
Tambomachay est par ailleurs surnommé « Bain de l’Inca ».
Pour éviter que les nombreux touristes abîment cet enchevêtrement de blocs de granit, de petites barrières de délimitation barrent le passage. Je crois même avoir vu une sorte de garde surveiller les abords…Avec son air louche, j’ai d’abord cru qu’il voulait nous piquer un sac ou deux, mais non. En fait il était juste pas commode.
Heureusement, le jour où nous y sommes allés, nous étions quasiment les seuls sur le site, ce qui nous a permis d’approcher sans problème ( avec le garde sur nos talons, donc. )
Après quelques explications de Benilda, nous retournons à notre car. Cette fois-ci, nous partons pour un bon trajet puisque nous devons rejoindre la gare d’Ollantaytambo. De là-bas, nous prendrons le train qui nous mènera à Agua Calientes ( et donc au Machu Picchu ).
Sur la route d’Ollantaytambo
On est tous claqués malgré la bonne nuit de sommeil. Mais on est tout excités aussi puisque nous savons que le soir-même, nous serons à quelques centaines de mètres du Machu Picchu.
Le trajet se passe en musique. J’aime tout regarder sur la route : des habitants qui promènent leur camélidé en laisse comme on promènerait notre chien, aux curieuses brochettes proposées le long de la route….
Justement Marco nous propose un arrêt impromptu. Il aime toujours autant nous faire découvrir comment vivent vraiment les péruviens, donc aujourd’hui il nous propose une pause…BROCHETTE DE COCHON D’INDE.
La seule vue de ces p’tites bêtes le bâton enfoncé entre la bouche et le cul me rend malade. Ah oui parce que j’ai oublié de vous dire, mais lors d’un dîner dans un resto péruvien, en allant aux toilettes situées au fond d’une cour, un curieux chant de Kouik kouik m’avait interpellée…J’avais alors découvert une dizaine d’enclos immenses renfermant des centaines de cochons d’inde tout mignons.
Après trente minutes d’hésitation, je m’étais dit que non, ce n’était pas une bonne idée d’en sauver un ou deux pour les glisser dans ma valise. Je suis pas sûre qu’ils auraient supporté les dix heures d’avion pour rentrer à Paris. Mais ils étaient trop choupinous ( et destinés à une mort certaine ) , et si j’avais hésité quelques minutes au début du séjour pour déguster ce rongeur, consommé depuis la nuit des temps au Pérou, j’avais finalement déclaré que non, c’était pas possible. C’est comme si je bouffais le chat du voisin. Beurk beurk beurk.
Heureusement lors de cette « pause-apéro », Marco n’insiste pas auprès de ceux qui ne souhaitent pas goûter. J’ai en revanche quelques collègues qui s’y collent sans pression, et qui dégustent leur brochette comme ils mangeraient du poulet.
Pendant leur dégustation, je me promène et prends quelques photos. Je trouve l’atmosphère particulière et parfois j’ai l’impression d’être projetée dans des scènes de Breaking Bad :
Ca y est, les collègues sont contents d’avoir dégusté leur animal domestique cochon d’inde. On remonte dans le car tandis que certains se plaignent d’en avoir un peu entre les dents. Non mais BIEN FAIT en fait.
Encore quelques dizaines de minutes puis nous nous arrêtons dans un superbe restaurant niché dans un écrin de verdure. Nous ydéjeunons à l’extérieur, à l’ombre de grands parasols de paille, entourés de perroquets bavards et de lamas pas très contents d’être dérangés pendant leur propre déjeuner. Le buffet était copieux et excellent. Et j’ai gagné une course digestive après qu’un camélidé qui ne souhaitait décidément pas manger la verdure que je lui proposai ait mis les oreilles en arrière, bêlé un peu, et m’ait regardé de façon très agressive ; craignant le crachat en plein dans ma mouille, je crois que je n’avais pas couru aussi vite depuis l’adolescence.
Certains collègues ont immortalisé la chose en photo. Pour ma part, je vous épargne ce moment de solitude.
Nous reprenons ensuite notre route puis nous découvrons les reliefs d’ Ollantaytambo. Notre guide Marco a l’air fasciné par cette ville et il y a de quoi. Son histoire est quand même très riche. Nous nous contenterons d’apercevoir, à travers les vitres, les ruines archéologiques envahies de touristes sur les hauteurs de la ville. Avec la superbe météo dont nous jouissons, j’avoue que ça a l’air fabuleux et ça me frustre d’être enfermée dans mon car…Mais c’est pour la bonne cause : on ne doit pas rater notre train !
Sur les rails
Je suis carrément excitée. Ce gros train bleu ( que nous n’avons pas loupé donc ) est plutôt impressionnant. Il est vintage. Beaucoup plus charmant que nos TGV et Intercités, j’vous le dis.
Sitôt que nous grimpons dans notre voiture, une impression de luxe et d’espace se dégage : c’est graaaaaand ! Contrairement à nos engins ferrés dont le moinde centimètre carré de surface doit être exploité, les wagons de ce train sont très larges, ce qui permet d’avoir une table de 4 personnes de part et d’autre d’un large couloir où l’on peut circuler sans problème.
Les tables sont garnies de jolies nappes multicolores, il y a de la place pour nos gros sacs…et les vitres sont immenses pour admirer le paysage.
C’est très bête mais l’émotion me submerge déjà. C’est quelque chose de prendre le train dans la Vallée Sacrée hein.
On parle, on rigole beaucoup et surtout on apprécie la centaine de dollars du billet de train ( oui oui ) puisque nous bénéficions d’un goûter : une énooorme tranche de gâteau servie avec une boisson chaude de notre choix. Dieu merci, pas de cochon d’inde à l’horizon.
Soudain le train ralentit puis s’immobilise pendant de longues, looooongues minutes. Le chef de bord nous informe dans trois langues que nous subissons un aléa, sans savoir lequel. ( et là je pense à notre pauvre SNCF maltraitée à quelques milliers de kilomètres de là).
En attendant, Marco nous informe que notre agence a obtenu un surclassement hôtelier de malade mental pour notre séjour à Agua Calientes. Au début on se dit qu’il se paye notre tronche, mais il s’avèrera qu’il disait bien la vérité…
Le train repart et nous apprenons qu’en réalité, c’est une vieille dame qui fait la manche directement sur la voie qui nous a ralentis. Et pourquoi pas après tout hein ? En fait elle s’est mise devant le train puis a marché le long du wagon en attendant que les passagers lui lancent des trucs par les fenêtres. Original. Mais apparemment c’est une habituée. Et évidemment le conducteur de train ne pouvait pas avancer tant qu’elle était toute proche des wagons.
J’aperçois la vieille femme quand le train repart. Elle est tellement voûtée qu’il lui suffirait de tendre les bras pour toucher le sol. Et lorsqu’elle lève la tête, je constate qu’elle n’a plus aucune dent. C’est drôle comme certains souvenirs resteront gravés à jamais…
C’est à la tombée de la nuit que nous arrivons finalement dans la ville d’Agua Calientes, le point de chute de tous les aventuriers qui partent à l’assaut du Machu Picchu. Nous récupérons nos gros sacs et c’est dans le noir et sous la pluie ( on peut pas tout avoir ) que nous marchons jusqu’à notre hôtel, niché dans la jungle luxuriante…
L’hôtel dans lequel nous séjournerons est-il si exceptionnel ? Comment se passera notre soirée ?
Et l’excitation va-t-elle toujours crescendo jusqu’au lendemain pour notre visite du Machu Picchu ?
C’est ce que vous découvrirez dans mon prochain billet !