Chaque pouffe se doit de prouver qu’elle est capable de s’activer le neurone en lisant un bon bouquin plutôt que de regarder un énième épisode de sa série préférée du moment. Enfin s’activer le neurone c’est vite dit, puisqu’aujourd’hui je voudrais parler d’ un roman de chicklit génial qui m’a littéralement faite adhérer à ce genre littéraire dès 2010.
La chick lit ( littérature pour poulettes ) est un genre littéraire relativement neuf puisqu’il est apparu en 1996 après la parution de SEX AND THE CITY de Candace Bushnell, immédiatement suivi par les parutions d’ Helen Fielding ( LE JOURNAL DE BRIDGET JONES entre autres ), de Lauren Weisberger ( LE DIABLE S’HABILLE EN PRADA ) et de dizaines d’autres auteures.
En plus d’être faciles à lire et donc digestes ( pas comme mon pavé «les Bienveillantes» qui mord la poussière ), on retrouve plusieurs éléments communs aux chicklits :
- Une ou des héroïnes jeunes et citadines : une mamie de 72 balais qui habite à Ploermel n’aura aucune chance de devenir la star d’un bouquin du genre.
- Des addictions diverses et variées : alcool, fêtes, achat compulsif de fringues et/ou de cosmétos.
- Un job souvent harassant et tournée vers les médias : télé, journaux, publicités… avec un chef beau gosse mais souvent très con.
- Il y a souvent des histoires de mecs mais les pans familiaux ( en particulier la mère chiante ou le frangin tordu ) et amicaux sont tout aussi importants voire plus.
- L’ humour est quasi omniprésent mais pas sous forme de blagues potaches, plutôt dans la manière de narrer et de décrire des situations en total désaccord avec les sentiments des protagonistes.
J’adore dévorer un chicklit quand mon moral est en berne bien calée sous ma couette ou sous un cocotier enduite de Monoï avec les orteils dans le sable. Les histoires sont souvent fraîches et les personnages tellement attachants qu’on dévore les centaines de pages en quelques heures seulement.
En clair , la Chick lit est un genre qui ne prend pas la tête, le style de roman qu’on lit vraiment par pur plaisir sans risque de sursauter dans son plumard au moindre bruit suspect dans l’appart. Si LE JOURNAL DE BRIDGET JONES, best-seller adapté sur grand écran fut ma première lecture du genre, le billet de Lolotte-disparue sur UNE VIE DE REVE m’a totalement convaincue de me pencher sur le cas Marian Keyes.
Dans le cerveau du commun des mortelles, ce genre de romans est d’origine britannique. Marian Keyes, jolie brune proche de la cinquantaine, ne déroge pas à la règle puisqu’elle est irlandaise mais pas une irlandaise née de la dernière pluie ( je m’aime ). En effet, elle est considérée comme l’ une des pionnières de la Chick lit en ayant publié dès 1996 comme sa consoeur américaine Candace Bushnell.
Aujourd’hui, cette auteure à succès peut se targuer d’avoir vendu plus de 10 millions de livres traduits dans 30 langues différentes !
Parmi ses romans les plus connus, on peut citer :
- LES VACANCES DE RACHEL ( 1998 )
- LE CLUB DE LA DERNIERE CHANCE ( 1999 ) porté à l’écran en 2004 par Marie-Anne Chazel sous le titre «Au secours j’ai 30 ans»
- UNE VIE DE REVE ( 2000 ), sujet de ce billet
- CHEZ LES ANGES ( 2004 )
- REPONDS SI TU M’ENTENDS ( 2008 )
En résumé les parutions de Marian Keyes sont totalement addictives…Après en avoir lu une, vous vous tournerez forcément vers les autres ! D’ailleurs, je compte bien me procurer sa bibliographie complète et je vais pousser ma témérité jusqu’à lire ses romans encore non traduits de l’anglais ( la classe ).
Une Vie de rêve aux éditions Pocket
Mon bouquin est paru aux éditions Pocket et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils sont un peu à côté de la plaque pour «vendre» le livre : Même si la couverture est rose ( hiiii ça commence bien ! ), l’image qui y figure n’a pas grand-chose à voir avec la choucroute : on y voit une nana souriante, faisant claquer des milliers de bracelets à ses poignets, pendue au téléphone dans son lit vert. Il suffit alors de dévorer le roman pour se dire que non, la couverture aussi pouffy soit-elle a été mal choisie.
La quatrième de couverture a été rédigée par un journaliste mâle de l’Echo. Un rédacteur couillu pour un livre de chicklit, ça peut surprendre. Et une fois de plus, quand on lit les 596 pages d’une VIE DE REVE, on se dit que le mâle en question a compris le bouquin, enfin presque. Sa dernière phrase évoquant «un équilibre bien fragile qui va (…) voler en éclats lorsque le prince charmant qu’elles attendent tant, va enfin arriver pour semer la zizanie…» me fait dire que non, le journaliste n’a pas cerné la véritable essence de l’histoire.
Pour le synopsis, il va donc falloir se fier à moi ^^
Le synopsis de rêve
L’histoire se passe à Dublin et tourne principalement autour de 3 personnages féminins :
- LISA est une rédactrice en chef réputée à Londres qui attend avec impatience une promotion dans l’un des journaux féminins les plus réputés de New-York. Seulement pas de bol : elle va se retrouver à lancer le nouveau magazine Colleen , parution féminine chic & glam dans la capitale irlandaise. VDM. Un véritable cauchemar pour cette pouffe en puissance qui ne jure que par sa silhouette, des cosmétiques et des soins gratuits, une déco intérieure soignée et des dîners avec des stars. Se retrouver chez les ploucs, à la tête d’une minuscule équipe de bras cassés pour lancer le nouveau-magazine-incontournable-féminin, la gonfle au plus haut point. Mais si elle réussit sa mission, elle se rapprochera alors du Saint-Graal : New-York. Particulièrement détestée des gens qui travaillent pour elle, elle semble être une Reine des Glaces. Elle a pourtant connu le bonheur avec un homme qui la rendait humaine.
- ASHLING ( VDM – et c’est pas le pire patronyme… ) est l’archétype de la fille normale et simple. Toujours dévouée, aussi bien avec ses amis que dans son travail, elle n’a qu’un problème: elle est célibataire. Mais ça ne semble pas la toucher des masses. Elle sort avec ses amis, elle évite son indigne mère s’étant enfermée dans une dépression chronique et pense trouver le bonheur en triturant des statuettes de bouddhas, en tirant les cartes au tarot et collectionnant les pattes de lapin. Par miracle, elle se retrouve embauchée comme rédactrice adjointe du magazine Colleen , sous les ordres de Lisa.
- CLODAGH ( VDM ! ) est la meilleure amie d’ Ashling. Même si elle a un prénom de chiotte, Ashling lui envie tout le reste : une vie bien rangée dans une superbe maison, un beau mari attentionné, gentil, prévenant qui gagne plein de pépettes lui épargnant ainsi le fardeau de bosser. Par contre, elle a deux monstres à la maison dont elle s’occupe à plein temps. Elle est belle, pétée de thunes par son mariage, bref l’archétype de la fille pourrie gâtée. Quand elle se fait chier, elle retapisse le salon. Mais cette vie dont Ashling rêve tant semble ennuyer prodigieusement Clodagh, qui va décider de donner du piment à ce si beau tableau. Personnellement, je la déteste.
Autour de ces 3 protagonistes gravitent une bonne dizaine d’autres personnages de milieux et d’importance différentes. Ceci dit, chacun a la sienne pour le bon déroulement de l’intrigue. Ashling est clairement ce que Monica était à nos Friends : le personnage autour duquel s’articule tout ce beau monde.
Dans le désordre, je retiens principalement :
– Jack Devine, le patron du magazine Colleen , qui semble attiré par Lisa mais détester Ashling. Mais il sort avec Mai, une viêtnamienne au caractère bien trempée avec qui il s’embrouille sans arrêt.
– Ted et Joy, les deux amis fidèles d’Ashling dont l’un va devenir un comique qui pourra se serrer toutes les filles qu’il veut, et l’autre, voisine de palier d’ Ashling semble avoir un gros penchant pour les fêtes, coucher, l’alcool, et coucher.
– Marcus, un comique pas très beau couvert de tâches de rousseur qui convoitera Ashling dès le début du livre. Ce n’est pas parce qu’il est moche que ce n’est pas un fieffé trou du cul.
– Oliver, l’ex-mari de Lisa auquel elle pense très souvent. On en apprend beaucoup sur lui via les pensées de cette dernière, sans pour autant qu’il apparaisse physiquement dans l’histoire.
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Je ne peux pas tous les présenter au risque de vous embrouiller, si ce n’est déjà fait ^^ .
Mais au fond l’histoire reste toute bête : on assiste au lancement d’un magazine féminin tout en s’appropriant l’histoire personnelle de chacun des protagonistes.
On navigue donc entre les bureaux de Colleen avec les collègues d’Ashling et la vie en dehors des bureaux : la belle maison de Clodagh, l’appartement ridicule d’Ashling, la petite maison insipide de Lisa, les scènes de théâtre pour les spectacles de comiques, les soirées de lancement de gammes cosmétiques, les restaurants, mais aussi et surtout les bars de Dublin.
Toutefois, on n’oublie jamais qu’on assiste aux vies de 3 pouffes et donc à des questions existentielles parfois ultra féminines.
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EXTRAIT n°1
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Du poil. Sur les jambes. Beaucoup trop de poil. Ashling était en plein dilemme. Ses jambes avaient été épilées à la cire deux semaines auparavant, de sorte que ses poils étaient trop courts pour supporter une nouvelle épilation, mais trop longs, bien trop longs, pour qu’elle puisse se montrer ainsi au lit. Projetait-elle de coucher avec Marcus Valentine? Qui sait? En tout cas, ils n’était pas question que ses jambes poilues représentent un obstacle.
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Au final, il n’y a pas vraiment d’intrigue principale dans UNE VIE DE REVE mais plutôt des dizaines de situations auxquelles sont confrontées nos personnages. Elles suivent tout de même plusieurs fils conducteurs qui permettent de ne pas s’y perdre.
L’histoire vraiment intéressante concerne l’évolution de caractère des personnages : Ashling d’habitude si serviable va s’endurcir, Lisa si dure va devenir serviable et même gentille, Clodagh pourrie gâtée va devenir totalement conne ( quand je vous dis que je ne peux pas la blairer ).
L’évolution s’installe insidieusement, au fil des six centaines de pages et quand on referme le livre, on a vraiment le sentiment d’avoir assisté à une tranche de vie de Monsieur ou Madame Tout-le-Monde. Un sentiment d’appartenance, voire même une identification aux personnages.
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EXTRAIT n°2
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Ted se sentit mieux après avoir caressé le bouddha, tiré une carte de tarot réconfortante et écouté la lecture de son horoscope. ( Ashling lui lut le Bélier, au lieu du Scorpion qui n’avait pas l’air terrible ).
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Comme pour tout roman de chicklit, le style est assez simple et la lecture s’en retrouve facilitée. On peut ainsi dévorer les 595 pages en quelques heures.
Là où j’adhère totalement au style de Marian Keyes, c’est qu’elle parvient très facilement à switcher d’un narrateur à un autre sans qu’on s’en aperçoive ! Ainsi, dans un chapitre de 5 pages on entre dans la peau et les pensées d’Ashling et le chapitre suivant, on se retrouve dans les escarpins de Lisa sans que le plaisir de lecture en soit altéré ou que la difficulté de compréhension aille crescendo.
Le ressort comique est alors inévitable : on perçoit toutes les différences de pensée entre les personnages, comment ils vivent intérieurement une même situation et surtout comment ils parviennent à gérer ( ou non ) leurs sentiments enfouis. Il n’est pas rare que je pousse un bon éclat de rire au fond de mon lit, faisant douter mes proches de ma santé mentale.
L’humour est bien plus incisif que dans «le Journal de Bridget Jones» où l’héroïne, trop potiche à mon goût, offrait un ressort comique trop limité. Avec le personnage de Lisa, Marian Keyes a pu sortir du comique corrosif à souhait.
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EXTRAIT n°3
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( Lisa rencontre une créatrice de mode réputée complètement timbrée afin d’en tirer un article pour le magazine )
Un yorkshire coiffé d’un haut-de-forme miniature entra dans la pièce en poussant des jappements stridents.
– « Viens voir maman, dit Frieda en le serrant contre sa forte poitrine. Voici Shiaperelli. Ma muse. Sans lui, mon génie disparaîtrait purement et simplement. »
Le yorkshire se présenta en refermant ses dents pointues sur la main de Lisa.
Frieda fut consternée.
– « Oh pauvre bébé ! La méchante journaliste a mis sa main sale dans ta bouche. Je vous préviens, menaça-t-elle, si Schiaperelli tombe malade, je vous poursuis en justice. Vous et ce torchon de journal que vous représentez.
– Colleen n’est pas un journal, c’est un magazine. Nous avons fait une séance de photos à Donegal sur votre… »
Mais Frieda n’écoutait pas. Elle se redressa sur un coude avec difficulté et hurla à travers la porte : « Quelqu’un pue le navet ici ! Trouvez le coupable et mettez-le dehors.»
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Une conclusion de rêve pour Keyes ?
Si je laisse de côté les première et quatrième de couverture pas vraiment représentatives de ce que renferme le bouquin, je ne trouve que des points positifs à ce roman.
De tous les Marian Keyes que j’ai lus pour l’instant, une VIE DE REVE s’avère être le meilleur et celui qu’il faut absolument se procurer pour découvrir cette auteure trop méconnue à mon goût.
Un style simple, des personnages attachants, une narration naviguant entre différents protagonistes, des situations qui pourraient être réelles ( faut pas me faire gober que se faire emprisonner en Thaïlande pour trafic de drogue peut arriver à quelqu’un d’autre que Bridget ) bien distillées au fil des 600 pages , un ressort comique omniprésent, des trucs de filles ( cosméto & consoeurs ) et le sentiment d’avoir vécu aux côtés de protagonistes qui évoluent dans leurs têtes et dans leur ville, c’est la recette magique du roman pétillant , drôle et touchant que Marian Keyes nous offre avec sa VIE DE REVE.
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tequiladrenaline
23 mars 2013 12 h 52 minJe l’avais vraiment bien aimé celui ci !
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