Après une nuit marquée par les fréquents aller-retours de ma coloc’ aux wécés, je me réveille en sursaut une heure après m’être endormie. Ma coloc est déjà habillée, douchée et prête à partir. J’ai légèrement ( euphémisme ) les boules qu’elle ne m’ait pas réveillée, après avoir veillé sur elle une bonne partie de la nuit ( = être allée chercher des suppositoires chez un collègue + avoir fait mille demandes en langage des signes à la réception de l’hôtel ). Mais soit.
Je suis pas de bonne humeur, mais soit.
Rapidement, j’enfile un pantalon, un tee-shirt et une veste avant de me rendre dans la salle de petit-déjeuner. J’y apprends par Marco qu’il risque de faire très très chaud aujourd’hui. Effectivement il est 8h et le soleil est déjà à la fête. Ce qui aurait dû être une super nouvelle se transforme pour ma part en un gros fiasco : le voyagiste nous ayant conseillé de blinder notre valise de vestes polaires et pantalons chaud, je n’ai pas un seul short ou une jupe dans mon bagage de 22.6kg. ( souviens-toi le vol dernier ).
Ah, si en fait : j’ai un short.
Mais c’est un short de pyjama.
Après moultes tergiversations et demandes de matage de fessier à mes collègues féminines ( mes shorts de pyjama sont souvent confortables, c’est-à-dire ras la salle de jeux, en coton léger avec option transparence ), ces dernières m’assurent qu’on n’y verra que du feu. Enfin, façon de parler.
C’est ainsi que je décide de partir à la découverte d‘Arequipa, seconde plus grosse ville du pays, en short de pyjama blanc imprimé de grosses étoiles grises. #MonVoyageInoubliable.
Fesses au vent, je suis en route pour apprécier notre première ( et unique )
Journée sans car ( youhouuuuuu ! )
Mon popotin bloblotant risque de (trop) s’exposer aux regards aujourd’hui, mais au moins il ne souffrira pas d’heures interminables en position assise. Cette perspective me met en joie. Limite en transe.
En vrai, on se fait quand même dix petites minutes de car, le temps pour lui de nous rapprocher du centre-ville. Sincèrement on aurait pu s’en passer. Moi j’étais fraîche et dispo pour me promener à pieds et me dégourdir les jambes ( cul au vent ou pas ) suite aux loooongs kilomètres de route avalés la veille.
Dès que le car nous jette près du belvédère, je me précipite dehors pour un
Aperçu du quartier historique de Yanahuara
C’est l’un des plus anciens quartiers de la ville.
Sur l’immense place qui s’étend devant nos yeux, nous apercevons un petit groupe d’écolières au loin qui crie « I love youuuuu !!! « en nous faisant des coeurs avec les doigts. Elles sont trop mignonnes et je pense à LaLutine qui aurait été drôlement jolie elle aussi dans un uniforme comme celui-ci ( oui je suis une fervente militante de déploiement de l’uniforme scolaire, mais ceci n’est pas le sujet. ).
Un peu plus loin, une jolie fontaine alimentée par des canalisations datant de l’époque Inca, et un curieux petit oiseau avec les plumes un peu en bordel qui ne bouge pas d’un pouce :
Je rattrape mes collègues et le guide déjà en train de présenter l’Eglise de San Juan Bautista . Nous ne rentrerons pas à l’intérieur, bien trop occupés à admirer l’architecture étonnante de sa façade, parfaite illustration de l’art métisse . Et puis, en la regardant, on comprend mieux le surnom « La Cité blanche » de la ville d’Arequipa. En effet, les édifices et bâtiments utilisent une sorte de pierre volcanique blanche appelée le sillar.
- Le détail qui tue : pigeon qui roucoule pépouse sur le sommet du crâne de San Juan.
Puis, quelques mètres plus loin, nous découvrons le belvédère d’où nous admirons les 3 volcans qui entourent Arequipa, seconde plus grosse ville du Pérou comptant 1 million d’habitants.
Ces 3 volcans, j’ai noté leurs noms parce que je les trouvais trop choupinous : le Mitzi, le Chachati et le Pichu-Pichu ( on dirait pas des noms de chats sérieux ? ). D’ailleurs à propos de félidés ( oui j’aime sauter du coq à l’âne au chat ), sachez qu’on en a très rarement croisé pendant tout notre périple. En revanche, les chiens, t’en as à tous les coins de rue.
Marco nous informe qu’Arequipa dans l’année, c’est 10 mois de sécheresse et 2 de pluies.
Je peux vous dire qu’en Octobre, on tombe en pleine sécheresse. Et même s’il est difficile de se balader en short de pyjama ras la salle de jeux, j’étais bien contente parce que j’aurais littéralement cuit dans un pantalon.
Avec une paire de collègues, on se prend en photo, on fait le tour de la place…Pendant que d’autres suivent le guide ou partent chiner sur les quelques étals alentour. Je fais pivoter ma tête à 360° ( en deux temps hein ) lorsque je constate qu’on a paumé le guide. Putain, le groupe s’est volatilisé ! Dans un élan d’intelligence et après un gros effort de mémoire, je cours avec mes deux collègues sur les talons en direction de l’endroit où je crois me souvenir qu’on doit tous se retrouver. Il s’en est fallu de peu : le car s’apprêtait à partir. Heureusement, j’entends en grimpant les quelques marches » et Lucie, elle est là ??? ».
C’est bon, tout le monde y compris le guide ont compris ma propension à être toujours à la bourre. #ouf.
C’est parti pour :
La visite d’une fabrique traditionnelle de laine
C’est absolument incontournable lorsqu’on visite le pérou : la tradition de la laine. En effet, quatre espèces de camélidés se trouvent sur le territoire. Vous penserez immédiatement au lama, et vous n’auriez pas tort. Mais ce serait oublier que ce sont majoritairement les alpagas ( domestiqués ) et les vigognes ( sauvages ) qui fournissent leur principal matériel aux péruviens. Si vous souhaitez en savoir plus sur les différences entre ces 4 camélidés, je vous conseille la lecture rapide de ce petit article.
Nous visitons donc l’une des plus anciennes maisons de tissage de laine dans la région d’Arequipa. Et la visite commence très fort puisque plusieurs bébêtes sont en train de brouter gaiement dans un tout petit lopin de terre :
Nous nous dirigeons ensuite vers la pièce où est recueillie la laine de chaque animal. On nous explique à quelle fréquence les camélidés sont tondus, et quels sont les laines les plus rares. En Europe, c’est évidemment la laine de vigogne qui est la plus courue : un pull fabriqué exclusivement en laine de vigogne se monnaye en moyenne 2000€ dans de luxueuses boutiques parisiennes…
En revanche, la laine de lama n’est pas utilisée puisque assez rêche. En effet, le lama reste plutôt une bête de somme. Ce qui reste le plus répandu est donc l’alpaga, et le plus recherché est le baby alpaca.
C’est quoi le baby alpaca ?
Un petit paragraphe me semblait nécessaire sur ce point. En effet le baby alpaca n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait croire, de la laine de bébé alpaga, ou une laisse issue exclusivement de la première tonte d’un alpaga. En réalité, le terme de « baby alpaca » est une catégorie pour connaître la qualité de la laine issue de l’animal. Plus la fibre est fine, plus elle est luxueuse. Une fibre dont l’épaisseur est inférieure à 18 microns s’appelle « Royal baby alpaca » ( la plus chère ) tandis qu’une fibre épaisse de 18 à 22 microns est qualifiée de baby alpaca. La fine alpaca se situe entre 18,1 et 26,9 microns, tandis que la medium alpaca ( ou alpaga ) se situe entre 27 et 29,9. Au-dessus de 30, on l’appelle strong alpaca et on commence à ressentir des picotements…
Il faut savoir que la laine d’alpaga est 4 fois plus résistante que la laine de mouton mais aussi 7 fois plus chaude ! Elle est également plus soyeuse et imperméable, tout en étant plus douce. Pour moi qui suis incapable de porter de la laine à même la peau ( = gratouillis qui se transforment en eczéma ), la laine d’alpaga fut une vraie bénédiction !
Bref voilà. Je suis contente d’avoir enrichi votre culture sur la laine des camélidés péruviens. Rigolez pas, ça pourrait vous servir un jour si vous jouez à Questions pour un Champion ( merde, j’ai vraiment écrit ça ?? )
Puisque la laine d’alpaga est « l’Or des Andes », vous vous doutez bien qu’on en trouve à tous les coins de rue, pour des qualités parfois très discutables. Heureusement notre guide qui est un andain, nous a bien vite aiguillés sur les endroits où trouver du vrai baby alpaca…Et c’était le cas dans cette fabrique.
Naturellement, les procédés se sont industrialisés avec des métiers à tisser énormes qui produisent le travail que pouvaient fournir les hommes et femmes auparavant…Mais la qualité de tissage ( et de la laine ! ) restent inchangés.
J’en prends plein les yeux avec toutes ces magnifiques couleurs de laine. Pour un peu, j’aurais envie de me remettre au tricot...( bon, j’ai atterri pas trop loin quelques semaines plus tard en m’initiant – et tombant amoureuse – du crochet. )
Après un passage obligé dans la boutique, où je suis restée archi-raisonnable en achetant seulement un bonnet pour Musclor et un autre à LaLutine ( j’ai lorgné sur un poncho pendant 34 minutes, okay okay ) , nous reprenons le car quelques minutes seulement pour rejoindre la place d’Armes de la ville.
En chemin, nous croisons ces dames, vêtues de costumes traditionnels qui piquent les yeux tant ils sont colorés, tenant dans leurs bras des bébés touffus :
Naturellement, elles sont là pour monnayer une petite pièce contre une photo, mais c’est de très bon coeur que mes collègues et moi nous prenons au jeu. Puis sous nos yeux ébahis, nous débouchons sur la place d’Armes :
Majestueuse, c’est le mot qui me vient en premier.
Entre les arcades, la Cathédrale, l’Eglise de la Compagnie et ses cloîtres, je ne sais plus où donner de la tête. On s’en prend plein les yeux ! Sous un soleil resplendissant, le spectacle est vraiment de toute beauté. Et on se sent ridiculeusement petit…Raoul, notre guide pour la journée, nous accompagne.
C’est sur cette place d’armes très animée que j’ai vécu la scène la plus émouvante de tout le séjour. Mamie ( la femme de mon collègue Papi ) avait amené dans sa valise quelques peluches à distribuer aux enfants péruviens. Depuis le début du séjour, elle hésitait à en donner car elle avait peur qu’un parent lui jette le doudou à la tête en criant qu’il ne faisait pas la charité. Mais sur cette place d’Armes, Mamie a repéré une petite fille assise le long de la cathédrale avec sa maman, comme beaucoup de péruviens. Ils ne sont pas en hayons, loin de là. Ils sont simplement modestes, et on se doute que la vie ne doit pas être facile tous les jours. Mamie m’a demandé ce que j’en pensais. J’ai répondu « vas-y fonce ! Je suis sûre que la petite sera ravie ! ». Naturellement quand on ne parle pas un mot d’espagnol, c’est plus compliqué de se faire comprendre. Mais je crois que le coeur a son propre langage : j’ai observé la scène de loin, ai vu Mamie mimer des gestes en direction de la petite et de sa maman. L’enfant a attrapé la peluche lorsque Mamie lui a tendue et l’a serrée si fort, si fort …. comme si c’était un trésor inestimable. Son sourire s’est littéralement étiré jusqu’à ses oreilles. Je crois que ses yeux criaient MERCI dans toutes les langues. La maman était ravie, et surprise d’un tel geste désintéressé . J’en ai pleuré d’émotion à 50 mètres de là car j’ai trouvé la scène d’une rare humanité. ( et j’ai fait chialer Mamie, du coup ).
Cent mètres plus loin, Mamie récidivait avec un autre enfant et une autre peluche, et je reversais ma larme ( mais quelle tapette cette Lu ).
Bref, je chiale je chiale, mais il serait peut-être temps de rattraper le groupe et Raoul, qui sont désormais bien loin et se dirigent vers L’Eglise des Jésuites (« Iglesia de la Compañía de Jesús ».).
Rien que la façade toute de sillar travaillé fiche le tournis…Et l’intérieur est encore plus impressionnant, particulièrement la splendide Capilla de San Ignacio , une petite chapelle en retrait des autres salles, conservée comme une relique en raison de ses magnifiques fresques tapissant chaque centimètre carré de mur et de plafond, bourrée de feuilles d’or et de peintures aux pigments fragiles. Les photos sont interdites dans cette pièce et je me suis bien gardée d’enfreindre la règle. Mais j’en ai quand même grillé un ou deux qui voulaient immortaliser cette magnifique représentation d’un eden tropical…Moi je suis restée sage, je n’ai pris que la salle principale en photo :
En sortant, j’ai l’impression de mettre la tête et mon corps tout entier dans un four préchauffé à 180°C tellement il fait chaud sa mère. Alors j’essaye de penser à autre chose, en prenant en photo, par exemple, l’uniforme de la police péruvienne :
Nous marchons quelques centaines de mètres en direction du couvent de Santa Catalina, toujours sous les explications de Raoul ( y’a que moi qui pense au film « Quatre garçons plein d’avenir » à l’évocation de ce prénom ? ). Moi ça fait belle lurette que je suis toujours au cul du groupe, à prendre en photo et m’émerveiller de détails insolites et/ou architecturaux qui me tapent à l’oeil.
Par pitié, ne me demandez pas combien j’ai pris de photos ce jour-là…D’autant que c’est dans le couvent de Santa Catalina que j’ai le plus mitraillé je crois.
Sincèrement cet endroit est un incontournable à visiter à Arequipa selon moi ! La visite a été commentée par Tatiana, dans un français impeccable qui ferait rougir certains de nos propres concitoyens…Mais l’intérêt réside surtout dans cet étonnant lieu de retrait total pour les religieuses, puisque c’est le plus grand couvent du monde ! Il faut dire qu’il s’étale sur 2 hectares et qu’il abrite toujours des soeurs carmélites…Dans des conditions plus « salubres » qu’en 1579 évidemment, année de sa construction, mais n’empêche qu’à l’époque, cette immense couvent a accueilli près de 500 soeurs.
Ce qui frappe également, c’est le « luxe » des lieux. On est bien loin des couvents traditionnels dont on a l’image grise et terne en tête ! Ici, pour être acceptées en tant que soeurs, les parents des jeunes filles pouvaient les y intégrer dès l’âge de 12 ans en versant une copieuse dot à l’Eglise. Cela permit à l’Eglise Catholique de leur aménager un vrai petit « paradis », ( si l’on considère que le retrait total de tout divertissement ou contact extérieurs est un élément paradisiaque )( perso moi j’aimerais bien parfois – mais pas plus de 2 jours hein ).
C’est vraiment curieux, en se promenant dans des dédales de ruelles fleuries aux murs ocres, blancs et bleus, de se rappeler qu’on est bien en train de déambuler dans un couvent.
Aujourd’hui, la majorité des 2 hectares sont occupés par le tourisme, mais il subsiste toute une partie de l’édifice qui n’est pas accessible car réservé aux soeurs. En tout cas, la conservation des lieux est impressionnante, tant dans l’architecture « globale » que dans les différentes chambres ( normalement on dit « cellules » mais vu la taille des pièces et le mobilier…) où la majorité des meubles et objets du quotidien ont été conservés.
Si ce couvent est également archiconnu de par le Monde, ce n’est pas seulement pour sa superficie et son côté luxueux. C’est également parce qu’il accueillit la religieuse Ana de Los Angeles ( « Ana des anges » – rien à voir avec la ville des zuèsses ), connue pour ses 68 prédictions ( et aussi pour être entrée au couvent à l’âge de 3 ans, puis retirée à 10 ans pour se marier, avant d’y retourner puisqu’elle avait des visions ). Elle a été béatifiée par Jean-Paul II pour un miracle sur une femme atteinte par un cancer de l’utérus dans les années 1980. Une canonisation interviendra lors d’un second miracle…qui pour l’instant n’a jamais eu lieu. Ana serait alors la première Sainte d’Arequipa, et la troisième déclarée au Pérou.
J’ai rarement pris autant de plaisir à visiter un édifice religieux. Il émane de cet endroit une poésie et un calme à couper le souffle. Le genre d’ambiance qui te donne envie de te retirer toi aussi du Monde le temps de réfléchir un peu sur ta condition de pêcheresse.
Vous aurez compris que la visite de ce lieu fut pour moi un véritable coup de coeur. Un coup de coeur indigo, ocre et blanc.
Je crois d’ailleurs que c’est la seule visite de tout le séjour où je n’ai pas décroché une seule seconde pendant les explications de notre guide. Je suis sortie du couvent de Santa Catalina apaisée et émue à la fois , mais aussi très impressionnée par cet édifice qui respire la quiétude et le recueillement. Je rappelle que je suis tout sauf branchée religions, mais ça ne m’empêche pas de m’y intéresser hein.
Après cette matinée intense dans les rues et sur les places emblématiques d’Arequipa, nous nous dirigeons vers une Picanteria, restaurant typique de la ville, pour le déjeuner…toujours sous un soleil de plomb, et toujours ( presque ) à l’aise dans mon short de pyjama à grosses étoiles.
La seconde partie de journée sera-t-elle si forte en émotions ? La Picanteria du déjeuner sera-t-elle la ( seule ) responsable de la suite des évènements ? C’est ce que vous découvrirez dans mon prochain billet !
4 Commentaires
Lalutotale
8 mars 2019 22 h 41 minMDR ! Ok je comprends mieux 🙂 Tope-là copine de couture !
Morgane
8 mars 2019 6 h 14 minNon, pas motarde, mais je couds et je vis dans un endroit trrrèès chaud, du coup je reconnais certains trucs inhérents à la survie humaine de certaines parties du corps ! Cet empiècement renforce aussi les pantalons quand il y a trop de frottements, comme en équitation.
Lalutotale
7 mars 2019 10 h 01 minAaaah oui ! Je n’y avais pas pensé 😉 ( t’es motarde ? )
Morgane
7 mars 2019 5 h 05 minL’emplacement noir sur le pantalon de la policière doit être un renforcement qui sert à éviter de se brûler l’entrejambe sur la selle noire de la moto !
Merci pour ces récits de voyage 🙂
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