Après une première journée éprouvante ( voyage + premières visites avec en bonus les intestins fragiles de Musclor ), je passe une super nuit dans notre hôtel à RIQUEWIHR. Mon orgie de vin chaud a bien aidé au sommeil, il faut avouer. Musclor, quant à lui, ne pourra pas en dire autant : il a passé son temps à faire des allers-retours entre le plumard et les wécés. Ses yeux pochés du lendemain et l’odeur ambiante de pet moisi en attestent : il a passé une nuit de chiotte hahahaha.
Sur cette intro hautement philosophique, il est temps d’enchaîner sur notre deuxième journée à la découverte de l’Alsace. Ce sera la journée la plus dense du séjour. D’ailleurs ce billet est à son image : dense. Avec une cinquantaine de clichés au compteur ( et pourtant je vous jure que j’ai trié à mort ), j’ai finalement décidé de la scinder en deux, cette seconde journée. Vous aurez donc quatre billets de blog là où il devait y en avoir trois. Ne me remerciez pas, c’est gratuit.
Le village de Ribeauvillé et sa confrérie de la Choucroute
Si le billet menaçait d’être aussi long, c’est en grande partie la faute au village de RIBEAUVILLé. Il semblait être très connu et beaucoup l’attendaient avec impatience parmi mes collègues. Moi ça ne me disait rien. D’ailleurs je suis passée pour une truffe lorsque je l’ai prononcé « Ribeauville » ce village. Faut pas oublier l’accent, ça change tout ( comme « se taper un jeûne ou un jeune », ça change toute la phrase ).
Après un copieux petit-déjeuner qui servira pour la plupart d’entre nous à éponger les excès éthanolés de la veille ( ou Musclor à éponger ses intestins tout pourris ), nous partons avec une demie-heure de retard en direction du village. Arrivés à 10 heures sous un soleil radieux, l’autocar nous jette à l’une des extrémités du village.
Immédiatement, des dizaines d’odeurs de boustifaille s’entremêlent dans nos naseaux. Entre les marrons chauds, le pains d’épices, les saucisses et le vin qu’on commence déjà à chauffer ( on picole tôt en hiver ), il y a de quoi tourner de l’oeil. Mais l’ambiance se charge de nous faire oublier toutes ces effluves.
En effet, il y a un autre truc qui est immédiat : le bain de foule dans la Grande Rue. Nous choisissons de larguer notre groupe après quelques centaines de mètres à essayer de se frayer un chemin parmi les badauds.
Le village est tout simplement charmant. Outre les différents stands présents, une fois encore nous entrons en admiration devant l’architecture. Que de jolies petites maisons colorées ! Que de belles décorations de Noël pour animer l’endroit ! C’est un véritable plaisir de déambuler dans les rues et de s’arrêter pour admirer les différentes bâtisses.
Oh bien sûr, on trouve comme à EIGUISHEIM des tas d’habitations qui rivalisent de kitscheries sur le thème de Noël. D’ailleurs savez-vous que la tradition alsacienne, tout comme pour les voisins allemands, est plutôt de célébrer Saint-Nicolas ? Il passe le 6 décembre, accompagné de son âne ( voire du Père Fouettard ou « boucher » ) pour distribuer des friandises et des cadeaux ( dans la tradition, il s’agit d’oranges et de pains d’épices ) aux enfants sages. Ne soyez pas étonnés de découvrir devant les portes des habitants des carottes ( pour l’âne ) et une boisson chaude ( pour saint-Nicolas) la veille.
Ce qui nous a frappés à RIBEAUVILLé, c’est également la quantité de très très belles constructions et monuments. D’ailleurs je crois n’avoir jamais visité de ville si petite accueillant autant de patrimoine classé aux Monuments Historiques. Nous en croiserons quelques-uns car il est bien difficile de les rater, et heureusement ! ( non, je ne suis pas seulement venue bouffer comme une ogresse en Alsace, je veux aussi de la culture moi môôôssieur ).
Nous sommes émerveillés par la Porte des Bouchers, sous laquelle nous passons dans la rue la plus commerçante de toutes. La lumière du matin frappe de plein fouet son clocher, ce qui ne le rend que plus magnifique.
Nous profiterons d’ailleurs de cette rue pour nous engouffrer dans une petite boutique de vêtements colorés, et acheter l’équivalent de notre PEL en fringues pour LaLutine.
Entre deux achats, nous continuons de découvrir le village, et profitons de vues toutes plus sublimes les unes que les autres.
A chaque fois que tu tournes un coin de rue à RIBEAUVILLE, tu es susceptible de tomber sur un monument remarquable. Je vous épargne les photos des innombrables fontaines toutes classées aux Monuments Historiques, mais ne peux m’empêcher de vous montrer l’ancienne Eglise des Augustins ( dite de la Providence ) qui trône fièrement et domine l’une des places les plus animées du village :
Sur cette place, nous croiserons d’ailleurs des invités qui détonnent un peu dans le paysage…Des habitants du chaud venus se cailler les bosses en Alsace :
Les vestiges de l’enceinte médiévale sont tout aussi beaux que les autres monuments. Mais lorsque j’ai découvert l’église catholique Saint Grégoire, et surtout son cimetière baigné d’une lumière absolument magnifique, j’ai presque voulu me convertir au catholicisme et demander à me faire baptiser sur-le-champ ( non j’déconne hein ).
Bon c’est pas le tout de s’extasier sur la richesse et la beauté architecturales du village, il me faut ma dose de vin chaud ( remarquez comme avec moi on peut passer rapidement d’un « je déteste le vin chaud » à « il m’en FAUT de toute urgence »). Musclor manque de vomir rien qu’en passant près du stand. Je comprends donc qu’il passe encore son tour cette chochotte. Et c’est ragaillardie ( pour moi ) et écoeuré ( pour lui ) par ma boisson chaude et légèrement épicée que Musclor et moi retournons à nos pérégrinations touristiques.
Je continue de m’extasier devant toutes ces jolies maisons aux façades colorées. D’ailleurs je sais pas si vous avez remarqué, mais je n’ai retouché aucune photo de mes articles, préférant mettre en avant la luminosité naturelle que nous offrait notre séjour. Les couleurs que vous voyez donc sont donc le reflet exact de la réalité.
Dans ce village, tout est si joli que je ne sais plus où donner de la tête. Un spectacle ambulant de musique traditionnelle en costumes d’époque, ainsi qu’un forgeron font pourtant des démonstrations dans la Grande Rue…Mais je ne peux décrocher mon regard des façades et de tous ces détails qui font de RIBEAUVILLé le village que j’ai préféré de tous ceux que nous avons visités lors de notre séjour en Alsace !
Et puis tout à coup, tu croises un truc qui te fait marrer ( les instestins de Musclor lui sont alors remontés dans la gorge ). Il est maintenant 11h30 et je rêve de bâfrer une plâtrée de choucroute :
Et puis je tombe sur l’un des hôtels les plus mignons de tout l’univers. Je pense qu’il s’agit d’un établissement pour hobbits, vu la taille toute relative de la porte d’entrée :
Il est désormais temps de rejoindre notre groupe et notre car. Nous traversons le village de part en part à la vitesse de l’éclair car nous sommes en retard #TeamToujoursALaBourre. Quoiqu’en fait, ça ne me déplaîrait pas de rester à RIBEAUVILLé… Toute absorbée par mes rêveries, je contemple en traversant les rues pavés à vitesse grand V les façades que j’aurais ratées à l’aller :
Alors que Musclor me prévient que trouver des toilettes va vite relever de l’urgence absolue (…), nous croisons quelques têtes que nous connaissons. Nous ralentissons alors le pas et j’en profite pour siffler un nouveau verre de vin chaud ( oh ça va hein ) ( je bois pour deux ).
A midi tapantes, nous grimpons dans notre autocar et partons à quelques kilomètres pour une dégustation de vins chez un producteur local.
( Si tu ne l’as pas déjà compris, sache que cette visite je l’attendais impatiemment #Youpiiii )
RIBEAUVILLé accueille en effet un grand domaine viticole d’Alsace, réputé pour ses grands crûs et son pinot noir ( entre autres ).
Ce midi-là, il fait très très froid dans la cour pavée du Domaine. Le couple de vignerons est fort sympathique et nous fera déguster un panel de 12 vins représentatifs de la diversité de leur cave. Nous dégustons naturellement du breuvage le plus sec vers le plus fruité pour finir par les vieilles vignes. A mon grand étonnement, je suis charmée par le muscat d’Alsace ( rien à voir avec le muscat liquoreux et bien trop sucré que nous connaissons tous ) et n’arrive pas à adhérer aux vieilles vignes, bien trop sucrées pour mon palais.
Quand je cherche Musclor des yeux, parti aux toilettes se délester de 3 kilos un bon quart d’heure plus tôt, je ne le trouve pas. Inquiète, je sors du domaine et parcours quelques mètres dans la rue. Toujours pas de signe de Musclor. Je l’appelle sur son téléphone : pas de réponse. Si ça se trouve, il est en train de pourrir les vignes…Heureusement, une collègue m’informera qu’il est bien sorti des wawas, et a entrepris de trouver une pharmacie. Je finirai par le retrouver quelques minutes plus tard, blanc comme un linge, marchant bizarrement ( je vous laisse deviner pourquoi ) et sans avoir trouvé son sésame ( = la pharmacie ). Une collègue informée de sa détresse intestinale volera au secours de ses boyaux en dégainant une trousse à pharmacie digne d’une infirmerie : elle s’était vidée lors de son séjour en Thaïlande quelques mois plus tôt, et avait donc prévu un gros stock de gélules en tout genre pour cette virée en Alsace. Grand bien lui en a pris. Musclor qui ne voulait pas la dévaliser se contenta alors de deux gélules de charbon actif et d’un Imodium ( avant de lui barboter ses plaquettes entières quelques heures plus tard.) Autant dire que Musclor ne but pas une goutte de bon pinard ce jour-là. C’est pas grave : les collègues et moi avons dégusté sa part. D’ailleurs, j’achète six bouteilles aux producteurs ( petite joueuse ).
Les collègues, Musclor, ses intestins et moi remontons dans le car direction THANNENKIRCH pour un déjeuner dans une auberge de charme ( l’estomac de Musclor fait déjà des loopings rien que d’entendre parler de déjeuner )( je le sais parce que je l’entends, son bide ).
Outre la façade jaune poussin et la gigantesque terrasse à l’arrière, l’auberge La Meunière fut encore une fois une excellente adresse si vous souhaitez goûter à la gastronomie locale, dans un endroit atypique.
En effet, sitôt le seuil franchi, l’ambiance est chaleureuse. Que de belles poutres apparentes, de bougies et de lumières chatoyantes ! On s’installe autour de grandes tables en bois en s’étonnant de la profusion de décoration originale ; d’étranges nains et lutins de Noël en tricot, ainsi que de jolies peluches, nous toisent depuis les poutres et charpentes…Mais nous en reparlerons après le déjeuner !
Pour l’heure, nous attendons avec impatience de voir débarquer sur notre table le bäckaofa. Ce plat traditionnel signifiant « four à pain » en alsacien est un mariné puis mijoté à l’étouffée de viande d’agneau, boeuf et porc, accompagné de pommes de terre et de légumes. Tout ceci mijote pendant plus de 24 heures dans une terrine avec des épices et du vin blanc des vignobles d’Alsace.
Ce plat est emblématique de l’Alsace, au même titre que la choucroute garnie ou la flàmmeküeche. C’est dire s’il est populaire et combien nous avions hâte de le déguster ! ( bon moi j’ai un peu fait la gueule au début, sachant que je ne mange quasi pas de viande…)( et Musclor faisait la moue parce que…voilà…TU SAIS. )
Une énorme terrine arrive alors à notre table. Poliment et discrètement, j’évite les morceaux de viande pour me concentrer sur les patates et petits légumes…et OH MON DIEU. Un pur délice. Je sais pas exactement ce qu’ils ont balancé dans le bousin pour que tout soit si parfumé en conservant le goût des légumes, mais c’est une tuerie.
Pour tout dire, je vais même me servir 3 fois en légumes, pendant que les hommes dévorent la viande. Même Musclor et son bide en vrac ont mangé de très bon coeur ce bäckaofa. C’est dire s’il était excellent.
Tout le monde est repu, et je n’ai pas le souvenir d’avoir mangé de dessert tellement nous étions rassasiés.
Pour la petite histoire ( et parce qu’on aime se cultiver chez LaLu ) sachez que le bäckaofa est historiquement un plat que les boulangers du village mettaient dans leurs fours à pains pour les villageois de confession juive, qui ne pouvaient pas de par leur religion, allumer de feu entre le vendredi et le samedi soir. Les boulangers entouraient alors le couvercle de la terrine de pâte à pain, et laissaient mijoter le plat pendant plus de 24h. A leur retour de la synagogue le dimanche, les villageois venaient récupérer leur bäckaofa.
Plus tard, la pratique s’est « généralisée » puisque sur le chemin du lavoir, du travail ou de l’école, tous les villageois déposaient puis récupéraient leur bäckaofa, qui restait un « plat de pauvre » au regard des ingrédients contenus.
Je trouve ce genre d’histoire culinaire passionnante, pas vous ?
Pour finir le repas en beauté, un collègue eut la curieuse idée de s’approcher des lutins de Noël qui constituaient la décoration de l’auberge…et découvrit une étiquette de prix.
Renseignement pris auprès de notre serveuse, il s’avéra que toute la décoration, produite par un artisan local, était à vendre.
J’ai trouvé l’idée géniale. Au tout début, j’avais un peu honte d’avouer mon attirance pour l’un des nains. Non non Musclor, pro-mis. J’ai trop dépensé de sous ce matin, je n’achète rien tu m’entends. RIEN. Quand soudain, je vis un collègue craquer sur un lutin…puis un second sur une peluche géante…et hop un troisième sur un nain rouge… Et il y avait mon lutin gris avec sa longue barbe blanche, au milieu, et je voyais les gens lorgner dessus. Moi je le voyais surtout dans la chambre de LaLutine. J’ai jeté un regard de cocker irlandais à Musclor, le suppliant des yeux de m’autoriser à craquer. Devant son air sévère, je baissai la tête.
Et puis tout à coup, il s’est levé pour aller aux toilettes, Musclor. J’ai remercié ses intestins foireux car je SAVAIS qu’il en aurait pour deux plombes. Je me suis alors jetée sur mon nain gris tandis qu’une femme s’en approchait dangereusement, trop dangereusement à mon goût. Et hop, j’étais déjà en caisse avec mon nain gris et ma mine réjouie pendant que Musclor n’avait probablement pas encore décollé de la cuvette.
( bon pour la petite histoire, sachez qu’un serveur a réussi à me refourguer une peluche géante de phoque blanc, bien trop mignonne et douce pour qu’elle reste au restaurant alors que LaLutine l’adorerait à coup sûr. Elle était bien trop grande pour rentrer dans le car aussi : j’ai dû l’attacher sur un siège tellement elle était balèze )( je vous explique pas la tête de Musclor quand il est sorti des WC et m’a trouvée dehors avec un nain sous le bras et un énorme phoque que j’avais du mal à porter sous l’autre bras )( mes collègues étaient hilares ).
Après ce très bon moment gastronomique, nous repartons pour une après-midi complète de visites, tout d’abord en direction du Château du Haut-Kœnigsbourg …Mais la suite de cette journée, vous la connaîtrez dans mon prochain billet !
1 Commentaire
Au panier de Lina
23 décembre 2017 9 h 49 minCoucou. Tu m’as bien fait rire avec tes peluches et nains dans les bras… Je ne connaissais pas l’histoire de Saint Nicolas. Merci de m’avoir éclairé, même si finalement j’ai été assez surprise de savoir que la tradition de Noël repose sur un acte aussi barbare. Bisous ma belle.
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