Je vais vous apprendre un truc : la pouffe ne lit pas QUE des romans de gonzesses. La chicklit c’est toujours bon pour se détendre du string et rêver à des paires de Louboutin en pagaille, mais ce n’est pas ce qui suscite le plus d’effort intellectuel.
Ceci dit, j’ai bien tenté de me la péter un peu en achetant l’énooorme pavé LES BIENVEILLANTES, qui non content de sa funeste destinée de presse-papier, a fini comme lecture-pour-gogues chez une copine un peu démotivée dès les cinquante premières pages englouties.
Autant dire que j’aime bien changer de style de temps en temps, mais que les essais philosophiques, c’est pas franchement ma tasse de thé. J’aime bien lire des autobiographies ( d’ailleurs mes copines m’ont prise pour une tarée lorsque je leur ai avoué avoir lu celles de Thierry Ardisson mais aussi et surtout celle d’Hervé Villard ) et j’aime m’auto-coller les miquettes ( Stephen King en tête ) mais j’ai voulu changer en me replongeant dans les sensations que me refilaient les intrigues d’Agatha Christie quand j’étais ado. En clair , je voulais me faire un bon policier des familles .
Devant le rayon de ma librairie préférée, celle où je pourrais rester des heures à déambuler pour m’emplir les poumons de l’odeur si particulière des livres neufs, j’ai arrêté mon choix sur Las Vegas Baby, et pour deux raisons particulièrement pourraves :
- J’ai pensé immédiatement à un épisode de Friends, où Joey saoûle ses amis pendant les jours précédent leur voyage dans la Sin City. «VEGAS BABY !».
- J’ai eu une bouffée de nostalgie en repensant à mes quatre jours incroyables passés dans cette ville nichée au creux du désert du Nevada. J’avais envie de me replonger dans une ambiance et dans mes souvenirs géographiques et visuels de cette Vegas inoubliable 🙂
Vous aurez donc compris que je ne connaissais ni l’auteur , ni ses précédentes parutions.
J’y suis allée au pif.
J’aime prendre des risques dans la vie.
Mais j’ai quand même lu la quatrième de couverture pour me conforter dans mon choix et, chose rare chez Pocket, je la trouve carrément fidèle à l’histoire que j’ai boulotté !
Comme à mon habitude, pour éviter de vous recopier bêtement le synopsis officiel, je vous l’ai photographié et je préfère vous fournir un résumé de mon crû :
J’ai compris en refermant le livre que Brian Freeman ( puisque c’est le nom de l’auteur et que , mea culpa , je ne l’ai pas encore cité ! ) nous livrait en réalité une suite à son premier roman intitulé JAMAIS JE NE REVIENDRAI.
J’aime autant vous dire qu’après avoir refermé LAS VEGAS BABY, je n’aspire qu’à une seule chose : dévorer son prédécesseur sorti en 2007 mais aussi sa suite, qui va bientôt paraître aux éditions Pocket ! ( LE PRIX DU PECHE ).
Mais je tiens à vous rassurer : nul besoin d’avoir lu JAMAIS JE NE REVIENDRAI pour tout paner à LAS VEGAS BABY !
Mon synopsis à moi
Jonathan Stride , fraîchement débarqué de son Minnesota natal, atterrit dans la police de Las Vegas.
Dès son arrivée, le jeune inspecteur est flanqué d’un accolyte dont personne ne veut : Amanda, jeune transsexuelle, qui doit encore plus que les autres prouver qu’elle mérite sa place dans la Sin City.
Alors que ces deux-là se connaissent à peine, ils sont envoyés sur une curieuse affaire : un jeune éphèbe, fils d’un milliardaire propriétaire de casinos végasiens, vient d’être buté en pleine rue, la quéquette à l’air, alors qu’il usait de services..hmmm…tarifés.
Dans le même temps et à quelques kilomètres de là, un garçonnet est renversé volontairement par une voiture…
Aucun rapport entre ces deux affaires ? Peut-être que si…. Et pourquoi retrouve-t-on des empreintes inconnues laissées sur les lieux ?
Il semble que ce soit toujours les mêmes… Pourquoi ces assassinats sans lien apparent impliquant des victimes aux profils plus que variés surgissent-ils dans la monstrueuse Vegas?
Car sous les jolies paillettes, les rues bien propres et les machines à sous bourrées de dollars se cachent bien des secrets…Des secrets qui remontent à quelques années, lorsqu’une strip-teaseuse qui officiait dans l’un des casinos de la ville fut brutalement assassinée dans la piscine d’une penthouse…
Vous croyez que je spoile?
Mais pas du tout.
Du tout.
En réalité nous sommes plongés dès les premières pages dans une ambiance sombre et feutrée , l’envers du décor des casinos de Las Vegas .
Dès les premières pages, on découvre le meurtre brutal de cette strip-teaseuse pleine d’ambition. Et on se demande dans quoi on atterrit puisque directement après, on se retrouve aux côtés de l’inspecteur de Jonathan et d’ Amanda.
Ces deux-là vont apprendre à se connaître au fil des pages et des meurtres : ainsi on apprend qu’ils ont tout deux une vie amoureuse épanouie, puisque Jonathan mène sa petite vie de couple avec Serena , une collègue de quelques années sa cadette au passé plus que sulfureux, tandis qu’Amanda la transexuelle vit tranquillement avec son chéri sans se soucier des sarcasmes dans le milieu très masculin et très macho de la police américaine.
De plus ils vont être impliqués personnellement dans les meurtres, ce qui rend l’intrigue principale beaucoup plus fouillée que ce que l’on pouvait craindre.
La force du récit réside dans sa simplicité et dans l’enchaînement des évènements : il y a bien quelques temps morts qui sont nécéssaires pour reprendre son souffle et assimiler toutes les informations accumulées au fil des pages, mais l’ensemble reste très savoureux et digeste .
De plus, cela permet de comprendre pourquoi Stride est amoureux de Serena, pourquoi Serena a des attirances chelou, pourquoi Amanda risquerait sa peau dans son boulot…Un récit omniscient qui permet de pénétrer les pensées de tous les personnages, sans exception, pour mieux les comprendre.
Au niveau de l’intrigue, je l’ai trouvée bien ficelée mais malgré tout, il me laisse un petit arrière-goût de frustration… En effet, le roman est découpé en quatre parties bien matérialisées et identifiées par un titre, elles-mêmes sous-divisées en chapitres numérotés ( ceci dit, cherchez pas le sommaire, y’en a pas ).
Et les titres des parties sont sans équivoque : ils portent le nom d’un protagoniste de l’histoire, suivant le déroulement de l’aventure…
Je ne peux en dire plus au risque de spoiler, mais j’ai trouvé que cette manière de faire ôtait un peu de suspense à l’ensemble. Du coup on sait rapidement QUI se cache derrière les meurtres , la seule inconnue reste «pourquoi?».
( Après on se pose les questions plus terre-à-terre du style «qui va clamser avant la fin?» )
Il n’en reste pas moins que ce roman est foutrement prenant : il mêle habilement sexe , un peu de drogue et de débauche , beaucoup beaucoup d’argent mais surtout le pouvoir et la politique . Car les inspecteurs vont vite s’apercevoir qu’à trop vouloir creuser, ils risquent de se brûler les ailes… Vous vous demandez alors certainement comment à partir du meurtre d’une stripteaseuse dans les années 70, on peut arriver à de tels évènements de nos jours? Vous le découvrirez en lisant LAS VEGAS BABY !
Au final , je n’ai pas retrouvé l’ambiance qui m’avait tant transportée lors de mon périple à Las Vegas .
En même temps, faut dire que j’ai pas visité les quartiers à putes ni n’ai creché dans une penthouse ou dans un commissariat local.
Parfois j’avais l’impression que ce récit était intemporel, car j’avais la curieuse sensation de me trouver dans les années 50 alors que le lobby des casinos était un repère de mafieux, de crapules et de macs. Mais non, Brian Freeman veut nous décrire nos années à nous, et je me suis demandée si réellement de tels évènements pouvaient encore se produire de nos jours.. Peut-être un petit manque de vérité ou des ambiances trop «rétro» pour qu’on adhère totalement à l’ambiance décrite dans le roman.
Au début j’avais peur d’être larguée. Serena et Amanda…quelle idée de nous donner deux prénoms féminins finissant par la même voyelle ! Du coup je confondais souvent la transsexuelle et la flic-copine du personnage principal, Jonathan Stride. Mais quand ils finissaient au pieu, je remettais vite les choses en ordre.
Après quelques dizaines de pages , c’est bon l’intrigue est lancée et tous les protagonistes gravitant de près ou de loin autour de Stride sont identifiés ,ce qui permet une totale immersion dans les 500 pages des ténèbres de la Sin City…
Enfin j’ai trouvé la fin assez réussie et pas frustrante pour un sou , même si dorénavant je sais qu’il y a une suite ( et un précédent ) et que je vais me jeter dessus incessamment sous peu ^^
Un roman policier simple dans sa narration, complexe dans le déroulement des évènements mais terriblement bien mené puisque le lecteur ne sera jamais perdu au coeur de ce récit sombre, teinté de sexe, de fric et de corruption.
J’ai toutefois regretté que le tueur en série soit si vite identifié et qu’une bonne partie du roman soit ainsi consacrée à sa traque .
Malgré les quelques hésitations dûes à une prolifération de personnages secondaires dès les premières pages du récit , on parvient vite à remettre les choses dans l’ordre et à s’adapter parfaitement dans cette plongée en Enfer , un enfer pourtant bien réel et une histoire qui pourrait bien l’être aussi , s’il n’y avait pas ce petit problème d’intemporalité que j’ai ressenti au fil de ma lecture…
Brian Freeman , je l’ai trouvé par hasard et je ne compte pas le lâcher de sitôt ! Je compte bien boulotter les deux autres opus de ces aventures policières sans tarder.
Et en refermant ce bouquin, j’ai eu une réflexion inédite : ce scénario serait un vrai bonheur à voir sur grand écran . Si un producteur passe par là : mets la main à la poche mec, n’hésite pas une seule seconde !
A propos de Poche , le roman est assez gros ( 500 pages ) pour être lu en plusieurs heures , mais assez petit pour trouver une place dans le foutoir de mon sac à mains . Un bon point, assurément !
Satisfaction : 8 / 10
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