( Rose à la rescousse – I. WOLFF ) Je vois la Vie en Rose

0Isabel Wolff m’avait déjà charmée avec son touchant AMOUR VINTAGE qui s’approchait plus du roman de moeurs que de la chicklit pure et dure. J’ai ensuite dévoré ACCROCHE-TOI ANNA  qui faisait parti des bouquins gratuits pour deux achetés, et je l’ai aimé tout autant que le premier.

Puis il y a eu ce fameux jour où Musclor et moi nous sommes rendus dans un centre commercial près de chez lui, et vu notre heure tardive de sortie du complexe, nous avons décidé que je dormirais chez lui.
Seulement voilà : j’avais terminé mon bouquin en cours le midi pendant ma pause-déjeuner. Du coup Musclor eut un prétexte tout trouvé pour se rendre à la FNAC ( la seule enseigne qui existe où il pourrait sans doute passer des heures à flâner – en fait quand j’y réfléchis , cette phrase n’est pas à mettre au conditionnel ) avant de décoller du centre commercial :
« Ma Princesse, tu n’as plus de bouquin à lire. Tu vas pas pouvoir survivre. Viens, on va à la Fnac».
Le bougre. Le vil tentateur.
Comme il m’a forcée à m’acheter un bouquin , je ne me suis pas faite prier et me suis précipitée vers la chicklit . Le seul nom qui me vint alors à l’esprit (avec l’aide du vendeur ) fut celui de Lisa Lutz, auteure géniale de la série des SPELLMAN dont je suis tombée littéralement amoureuse. La faute à Téqui et à son swap de ouf. Je cherchais donc le dernier tome paru des aventure de la famille de tarés quand je suis tombée dessus, au format broché. Dépenser plus de vingt boules pour un bouquin que je vais me cogner en quelques heures est absolument indécent. J’ai donc passé mon tour et ai décidé d’attendre patiemment la sortie de l’opus au format Pocket, histoire d’être totalement raccord sur l’alignement parfait de mes étagères de bibliothèque ( moi, psychorigide? )
Le second patronyme qui me vint en tête fut Wolff. Déjà parce que c’est facile à retenir, même si je n’ai pas de chien, mais surtout parce qu’elle est devenue une valeur sûre. J’ai donc choisi le bouquin en fonction de sa couverture ( rose ) et de son synopsis qui paraissait plutôt prometteur…Au final ROSE A LA RESCOUSSE est loin d’être le meilleur bouquin d’Isabel ( oui je me permets, à la façon dont elle a investit ma chambre, j’ai l’impression que c’est devenu une copine ) mais il n’en reste pas moins captivant et aussi frais que ses autres parutions !

ROSE - 2

Dans le cas de ROSE A LA RESCOUSSE, les éditions Pocket ont édité l’opinion délivré par le magazine Elle, et ma foi il est plutôt réussi et ne fournit pas d’indice ni d’élement trop important…
Mais je ne peux résister, comme d’habitude plutôt que de vous recopier bêtement le résumé officiel ( que j’ai pris en photo ) à vous fournir mon petit synopsis personnel !

ROSE - 3

 

 

 

Rose a la quarantaine et est fraîchement divorcée. Son goujat de mari, au bout de 6 mois de mariage, s’est carapaté avec leur conseillère conjugale que Rose surnomme affectueusement «la truie» ou tout autre référence au monde porcin.
Elle se retrouve donc seule et sur un coup de tête, achète une maison bien trop grande pour elle dont elle peine à payer les traites.
Elle se met en quête d’un colocataire, tout en bossant comme une folle puisqu’elle adoooore son boulot : Madame Détresse. En clair, elle s’occupe du courrier des lectrices d’un journal et rapidement son succès est tel qu’elle animera une émission de radio très suivie et adulée.
Mais qui est cet hurluberlu qui lui passe des coups de téléphone à son domicile en haletant comme un psychopathe assoiffé de sexe? Que cache son nouveau colocataire, Théo, qui lui semble si mystérieux? Et pourquoi lui prend-il l’envie soudaine de rechercher sa mère naturelle, l’ayant abandonné 40 plus tôt sur le parking d’un supermarché?

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EXTRAIT 1 : Rose fait l’inventaire des personnes ayant répondu à son annonce de recherche de colocataire , personnes qu’elle a rencontrées …

Le premier était un ingénieur d’allure lugubre, prénommé Steve. Il inspecta la maison toute entière, en ouvrant tous les placards de ma cuisine – quel culot ! – comme s’il avait l’intention d’acheter, et pas de louer une chambre. Puis, Phil débarqua. Il semblait prometteur, mais il passa la moitié du temps à fixer mes jambes. Puis vint un acteur, Quentin, qui avait l’air d’un joyeux drille mais ne supportait pas les oiseaux – en plus il fumait. Après lui, Annie, vingt-trois ans, trouva tout «super», la maison, la chambre et son boulot dans le marketing. Au bout de cinq minutes, j’avais envie de la trucider, mais je me suis contentée de sourire et de lui dire que je lui «ferais savoir ma décision».
– Super !

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ROSE - 6

Ce n’est pas parce qu’un livre est catalogué dans la littérature pour gonzesses qu’il doit être mièvre et planplan à souhait, bien au contraire.Dans ROSE A LA RESCOUSSE , on n’a pas vraiment le temps de compter les mouches : on rentre tout de suite dans le vif du sujet, on pénètre l’intimité et les pensées d’une Rose que la vie aurait pu rendre faible. Mais elle résiste, elle prouve qu’elle existe. Pour moi, elle est une célibattante sur le retour, vu son âge ( patapé Karine, patapé ! ).

Le récit est d’ailleurs formulé à la première personne du singulier, un type de narration que j’adore pour la chicklit puisqu’on s’attache beaucoup plus au personnage principal en sondant les tréfonds de ses pensées.Comme d’habitude, Isabel Wolff emprunte un style clair et épuré auquel même une blonde au QI de moule adhère immédiatement .
Et ce que j’adore avec cette auteure, c’est qu’elle ne se contente pas de raconter une histoire, mais qu’elle parvient à se documenter assez pour nous cultiver dans des domaines aussi divers et variés que l’horticulture ( ACCROCHE-TOI ANNA ), la couture et la mode ( UN AMOUR VINTAGE ) et dans le cas de ce roman, via les explications de Théo le colocataire de Rose, on en apprend énormément sur l’astronomie, sa passion.

Il n’y a pas soixante-douze personnages dans ce roman. Ceci dit, l’écriture d’Isabel est tellement fluide qu’elle pourrait nous en coller le double qu’on s’y retrouverait quand même.
Les amis de Rose se comptent sur les doigts d’une main et ils sont tous attachants à leur manière : Dev sa voisine et Trevor son chien qui l’aide au quotidien, est une handicapée qui vit juste à côté de chez Rose. Elle deviendront très amies. Il y a aussi Béa et Bella, les deux jumelles inséparables qui ne supportent pas d’envisager leur avenir l’une sans l’autre, Théo le nouveau colocataire passionné d’Astronomie, Henry le GI Joe qui aime se travestir…. Puis il y a Ted, son ex-mari parti avec la Truie, qui n’est pas vraiment à caser parmi ses amis.
Si j’avais malgré tout une critique à faire, c’est que l’humour n’est pas très présent. Ou plutôt, il aurait pu l’être davantage car il y avait matière connaissant le boulot de Rose ! On comprend vite qu’elle tombe sur toute sorte d’énergumènes qui lui envoient des courriers, et leurs problèmes sont divers et variés, parfois complètement insolites.

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EXTRAIT 2 : Quand Rose découvre des courriers … euh … particuliers …

J’ouvris les plis du jour. Serena les fait toujours passer aux rayons X dans la salle du courrier, parce que, de temps à autre, on nous envoie des trucs dégueulasses, comme des préservatifs usagés – pouah! – ou des culottes en dentelle, ou de la pornographie.
(…)
Et puis il y a les grands classiques, comme le manque d’estime de soi et, bien sûr, suis-je gay? Je reçois tellement de lettres de travestis que chaque fois que je rencontre un homme, je regarde s’il porte des talons aiguille. Et puis il y a les problèmes sexuels bizarres – tiens, là, je parie que c’en est un. Je ne porte jamais de jugement, évidemment. Non, mais c’est dégueulasse, là !!!
Chère Rose , déchiffrai-je avec consternation. Je suis exploitant agricole , marié depuis vingt ans et pour parler franchement , je m’ennuie un peu au plumard.
J’aime bien faire des «expériences» si je puis dire , mais ma femme ne veut rien savoir et ça nous cause des tensions . Elle dit que «ça ne se fait pas» et qu’on devrait laisser Groin-Groin tranquille . Pourriez-vous me conseiller?

Cher Jeff , tapai-je rapidement et avec une pointe de dégoût. Toute activité sexuelle avec une autre espèce est illégale . Je suis tout à fait d’accord avec votre femme . Cela constitue un abus des droits des animaux . Je vous conseille de vous en tenir à les manger ! Vous comprenez, j’ai mes principes.

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Parfois Rose interpelle directement le lecteur, et je dois avouer que c’est plutôt agréable de se sentir concerné par le récit. Mais malheureusement cet humour lié à son activité professionnelle n’apparaît que dans la première centaine de pages. Ensuite viennent se greffer les intrigues plus sérieuses comme un éventuel retour du mari, les histoires de fesses ou d’amour de ses amis, son épanouissement personnel etc etc…
Personnellement j’adore ce joyeux enchevêtrement de péripéties. C’est grâce à lui qu’ on dévore les 600 pages en quelques heures seulement, quasiment d’une seule traite. Il m’aura fallu trois jours seulement pour boucler la boucle…!
Si le manque d’humour m’a un peu refroidie en refermant le livre, finalement je me dis qu’ Isabel Wolff n’a jamais vraiment tapé dans le comique mais plus dans le roman de moeurs . Et une fois de plus, elle excelle dans le domaine.
Toutefois je lui trouve un petit «truc en moins» et je crois avoir trouvé d’où cela provient : son héroïne ne sort que très peu de sa maison et ne participe pas vraiment aux soirées mondaines ni au restaurant par exemple. Les lieux de l’intrigue sont donc principalement son domicile et son bureau. J’espère que la vie des quarantenaires est un tantinet plus palpitante que ça, sinon bonjour l’ennui… ( Karine va me décoller une cyber-tarte , je le sens bien  )

ROSE - 1
Isabel Wolff est une ensorceleuse : même si je trouve quelquefois des petites tares à ses romans , je reviens sans cesse vers elle !
Dans ROSE A LA RESCOUSSE , elle nous sert une fois de plus l’histoire simple d’une femme ordinaire à qui la vie joue des tours , nous fait découvrir l’envers du décor pour une Madame Détresse et un nouveau domaine : l’astronomie.
Toujours grâce à un style simple et épuré , elle parvient sans peine à nous immerger complètement dans son récit narré à la première personne , un moyen toujours efficace pour s’attacher aux personnages du roman.Au final , ce ROSE A LA RESCOUSSE est la parfaite illustration de ce qu’Isabel Wolff fait de mieux : le roman de moeurs accessible et terriblement prenant ! Ce type de littérature souffre peut-être d’une petite lacune ( le manque d’humour et la diversité restreinte de lieux) mais il a l’énorme mérite de raconter la vie d’une héroïne à qui tout le monde peut s’identifie r. Rose ne passe pas son temps à courir les magasins de fringues, elle ne cherche pas les histoires de fesses, elle cherche simplement le bonheur et les moyens d’y parvenir. Le rêve de toutes finalement non ? ^^

Pour moins de 8 euros aux éditions Pocket , vous auriez vraiment tord de vous priver de ces 600 pages qui sentent la Rose à plein nez : à la fois émouvant et euphorisant , ce roman est le parfait exemple du talent d’ Isabel Wolff !

Satisfaction : 7,5 / 10

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0 Commentaires

  • lalutotale
    20 mai 2013 20 h 04 min

    moi je me suis aperçue que j’avais lu toute sa biblio ! Du coup je me venge sur Jennifer Weiner en ce moment 🙂

  • tequiladrenaline
    20 mai 2013 15 h 56 min

    Celui là je ne l’ai pas encore lu mais je crois bien qu’il est dans ma pàl ! 🙂

  • lalutotale
    10 mai 2013 12 h 17 min

    tu sais pourquoi ça t’attire pas?
    Merci pour quadragénaire, je vais rectifier 😀

    Bises

  • Véréna
    10 mai 2013 11 h 58 min

    J’ai lu tes trois posts sur les livres de I. Wolff mais, pas moyen, la chick lit ne m’attire absolument pas (#pédantequipréfèrelireduFrancisWolff).
    Cela ne m’empêche pas de toujours autant aimer tes articles, empreints d’humours ; ils me rappellent tes avis Ciao. 😀 (juste « quadragénaire » pas « quarantenaire » dans le dernier paragraphe :p)

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